L’étau se resserre autour du gouvernement turc. Ébranlée par les émeutes sanglantes entre manifestants Kurdes et forces de l’ordre qui ont paralysé la ville de Diyarbakir à la mi-mars, l’administration du premier ministre, M. Recep Tayyip Erdogan, fait désormais face à une fronde sourde qui pourrait entraîner son renversement.
La question de l’intégration de la Turquie à l’Union européenne se pose avec une angoisse grandissante à mesure que la date butoir du 17 décembre approche, tant au sein de l’Union qu’en Turquie même. Car c’est alors que le Conseil d’Europe donnera à Ankara soit une date ferme d’adhésion, soit une rebuffade historique aux conséquences imprévisibles.
L’Irak est devenu un bourbier pour l’hyperpuissance américaine. Après deux semaines de soulèvements menés par les forces de la résistance à Bagdad, dans les villes sunnites ainsi que dans les villes saintes chiites que sont Nadjaf et Karbala, le régime fantoche s’est, à toutes fins pratiques, volatilisé. Et pour la première fois, l’Iran voisin est intervenu en Irak par le biais de sa diplomatie.
Après le tremblement de terre qui a détruit la ville de Bam, c’est le séisme politique qui frappe l’Iran. La crise déclenchée par le Conseil des gardiens, l’aréopage de juristes redevables au Guide suprême Ali Khamenei, a exposé les failles qui parcourent le régime islamique. Mais pas forcément au profit des réformateurs, actuellement pris entre de puissantes tenailles.
Vingt-cinq ans après le renversement du régime pro-américain du chah Mohammed-Reza Pahlavi, la révolution islamique a cédé sa place au despotisme clérical. Le meurtre de Zahra Kazemi, la photographe canadienne d’origine iranienne, n’a fait que révéler les failles du système à l’opinion internationale. La colère gronde et certains demandent même la démission de l’actuel président.
Le statut d’allié d’une superpuissance n’est pas nécessairement de tout repos. La Turquie vient d’en faire la preuve. En votant fin septembre une résolution autorisant l’envoi de 10 000 soldats en Irak, à la demande expresse du régime de George Bush, le gouvernement turc a réussi, d’un seul coup, à dresser contre lui l’immense majorité de sa population.
À en croire Kaveh Ehsani et Ali Rezaei, l’avenir politique de l’Iran serait plus sombre que jamais. Les deux membres chevronnés du Mouvement de la réforme iranien prenaient la parole à un colloque organisé par le Comité pour la paix et la résolution des conflits, à l’Université Concordia de Montréal, le 4 novembre.
Pour les néoconservateurs de l’administration Bush, la présence militaire des États-Unis en Irak, en Afghanistan, en Arabie saoudite et ailleurs se veut la première phase d’une vaste « réingénierie » du Moyen-Orient, dans le but de mettre au pas des pays et des mouvements « récalcitrants », dont la Syrie et l’Iran. Sur le dossier iranien, Washington se trouve en porte-à-faux avec l’Europe. Aussi, le président Bush se fait conciliant en endossant les démarches européennes pour coopter le régime iranien et en ne s’opposant plus à l’intégration de l’Iran à l’Organisation mondiale du commerce. Est-ce que cette « carotte » sera assez alléchante pour faire capituler Téhéran devant la pax musclée ? Peu probable.
Coup de théâtre - aussi attendu qu’espéré - à Istanbul. Devant la vague d’indignation internationale, le procureur d’État a décidé de laisser tomber la poursuite de l’écrivain turc Orhan Pamuk. Son procès, qui devait commencer début février, n’aura finalement pas lieu. Il s’agit non seulement d’une victoire pour la liberté d’examiner l’histoire d’un œil critique, mais aussi d’un revers cinglant pour les tenants de la main dure en Turquie.
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