Alors que nos coupes sont levées pour célébrer un moment historique dans l’histoire du Québec, nous apprenons que le maire de Trois-Rivières part en croisade pour sauver la centrale nucléaire arrivée à la fin de sa vie « utile ». Il organise même une manifestation ce dimanche. Cela me rappelle une manifestation syndicale aux États-Unis pour la sauvegarde d’une usine de bombes nucléaires. Heureusement ici, des travailleurs actuels et anciens ont appuyé la démarche citoyenne de Marcel Jetté. Cet ancien travailleur de Gentilly-2 et ardent promoteur de son déclassement est d’ailleurs décédé la même semaine où l’on annonçait sa victoire.
À notre grande surprise, la nouvelle mairesse de Bécancour se joint à la sortie du maire Lévesque. Pourtant, elle fut claire lors de sa récente campagne électorale et s’est même dissociée de son rival pronucléaire en disant que la décision revenait au gouvernement provincial. Les deux représentants des chambres de commerce locales ont annoncé de leur côté qu’advenant la fermeture de Gentilly-2, ils veulent un appui dans la région pour développer de nouveaux créneaux énergétiques. Le maire de Nicolet, tout comme celui de Champlain, ville voisine, appuie le déclassement. Nicolet veut développer un projet d’énergie solaire. Qu’attendons-nous ?
Qu’on ne s’y trompe pas, même la majorité des économistes capitalistes s’opposent à la production de l’énergie nucléaire si ce n’est qu’en Chine, en Inde ou encore pour alimenter l’industrie militaire. L’industrie forestière et automobile de l’Ontario, l’Institut Fraser, Warren Buffet, les agences de cotations boursières, l’ancien directeur du parc industriel où se trouve G2 et plus récemment Monique Jérôme-Forget, ancienne ministre des finances libérale critiquent ce type d’investissement. Même les chroniqueurs économiques du Soleil et du Nouvelliste se sont rangés du bord du déclassement de Gentilly-2. Les pronucléaires sont une poignée d’individus avec des moyens financiers faramineux. Je pense entre autres à Dessau, SNC-Lavalin et à Paul Desmarais (propriétaire du Soleil et du Nouvelliste) ayant des intérêts dans le nucléaire français. Ce sont eux et l’ensemble du conglomérat nucléaire qui ruent actuellement dans les brancards.
Nous sommes conscients qu’on ne doit pas oublier les travailleurs et les travailleuses actuels de Gentilly-2 et leurs familles. Bien que ces derniers soient en très grande majorité déménagés, il serait faux de dire qu’il n’y aura aucun impact pour ces individus. Il y a aussi le stress causé par l’ancien gouvernement, suite à son ambivalence de reconstruire ou non la centrale. Nous croyons que le déclassement nucléaire de Gentilly-2 doit être fait de manière aussi professionnelle que le reclassement de travailleurs.
Il y a unanimité dans la région pour s’entendre et développer de nouveaux créneaux énergétiques plus viables à long terme pour les travailleurs et nos communautés. Pourquoi ne pas s’y mettre dès maintenant au lieu de se chicaner, au grand bonheur du maire de Trois-Rivières.
P.-S. L’éditorialiste du Nouvelliste Jean-Marc Beaudoin nous accuse de vouloir faire peur au monde. Il s’est pourtant épouvanté de Gentilly-2 dans les années 1980, en citant l’apocalypse si le barrage Gouin venait qu’à céder. Le fruit de nos réflexions étant basé sur l’empirisme et la raison, nous n’abondons pas dans le sens christique de la chose. Cependant, nous pouvons utiliser le terme « catastrophe » pour qualifier les millions de morts associés de près ou de loin à l’industrie nucléaire, particulièrement dans les cas de Fukushima, Tchernobyl,ou Three Miles Islands... Ce n’est pas de la fiction.