Un pont entre deux mondes

jeudi 15 décembre 2016

­Comment vaincre la pauvreté ? C’est une question cruciale en ce début du 21e siècle. Et c’est justement la question qu’aborde Un pont entre deux mondes, le dernier film de Pascal Gélinas (Taire des hommes, Montréal Blues, La Turlutte des années dures, Gratien Gélinas, un géant aux pieds d’argile, Huguette Oligny, le goût de vivre). Ce film raconte l’aventure de paysans indonésiens de l’île de Florès qui sortent de la misère et transforment leur environnement avec l’appui de familles d’Europe et d’Amérique. Cette étonnante chaine humaine a été mise en place par Gilles Raymond, un Québécois enraciné à Florès depuis 16 ans. On se souviendra qu’avant de partir pour l’étranger, Gilles s’est impliqué pendant une vingtaine d’années dans le mouvement Opérations Dignité, qui combattait la fermeture des villages en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent. En 2000, il arrive à titre de coopérant en Indonésie, un pays qui renoue avec la démocratie après 32 ans de dictature. Constatant qu’une bonne partie des fonds octroyés par l’aide internationale aboutit dans les poches des dirigeants d’ONG locales, il travaille alors à établir à Florès une démocratie directe exempte de corruption où les résultats dépendent de l’action responsable de la collectivité.

Des chrétiens dans une mer musulmane

Dans plusieurs régions du monde, les religions sont porteuses de conflits. Ici à Florès, elles invitent au partage. Dans un des plus grands pays musulmans du monde, le cas de l’île de Florès est unique. Sur ses quelque deux millions d’habitants, 85 % sont catholiques et le clergé fait corps avec la population, loin des scandales qui gangrènent l’Église catholique d’Occident. En travaillant de concert avec le clergé local, Gilles a réuni catholiques et musulmans, et à force d’entraide ils ont réussi à amener l’eau potable dans 36 villages qui en étaient privés. C’est ce que raconte un premier film, le documentaire Le porteur d’eau tourné et réalisé par Pascal Gélinas il y a dix ans et qu’on peut voir gratuitement sur le web. Or, ce film se termine par une phrase de Gilles Raymond : « L’eau, c’est plus que l’eau, c’est une veine qui mène jusqu’au cœur des hommes. » Après avoir gagné la bataille de l’eau, ces hommes et ces femmes veulent aujourd’hui tarir la source de leur pauvreté. Grâce à une formule toute simple calquée sur les Prêts d’Honneur qui avaient cours au Québec dans les années soixante, ils ont créé avec Gilles une économie solidaire qui réussit là où tant de projets ont échoué. En créant un lien direct entre les familles d’ici et celles de là-bas, ils ont ouvert à largeur d’épaules un chemin entre nos deux hémisphères, à une époque où l’aide au développement international est trop souvent remise en question. Habité par le courage, le sourire des enfants et le lien avec les ancêtres, ce film est un retour aux sources de la fraternité. Il a obtenu en mai dernier le Prix du public au 18e Festival international du film documentaire sur la ruralité Caméra des Champs, en Lorraine. En novembre 2016, il a aussi reçu le Prix de l’Environnement au 48e Festival international du film maritime, d’exploration et d’environnement à Toulon, en France. On pourra voir Un pont entre deux mondes aux Grands Reportages de ICI RDI le 7 février 2017, et ensuite gratuitement sur Tou.Tv.

Bande-annonce de Un pont entre deux mondes
Lien pour voir gratuitement le film Le porteur d’eau

 

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