Un grand bond vers l’avant et Tout peut changer : la nécessité d’un profond changement politique

mardi 13 octobre 2015, par Ronald Cameron

Même si la longue période électorale a pour effet d’éclipser de l’actualité les mobilisations, le nombre d’initiatives particulièrement en lien avec l’environnement et les changements climatiques se multiplient à la veille de la tenue du scrutin fédéral. En quelques semaines, nous avons assisté au lancement du manifeste Un grand bond vers l’avant et celui du film Tout peut changer, en plus de la création du Front commun pour une transition énergétique et de l’appel à manifester le 10 octobre et le 29 novembre. Alternatives est associé à toutes ces initiatives.

La volonté d’initier un mouvement social

La publication l’an dernier de This changes everything de Naomi Klein (Tout peut changer chez Lux Éditeur), traduit en 24 langues, n’est pas le seul véhicule que l’auteure avait prévu pour soutenir le plaidoyer sur le capitalisme et les changements climatiques. Lors de la discussion qui a suivi le lancement du film à l’Excentris, le lundi 5 octobre dernier, Naomi Klein et Avi Lewis, le réalisateur, confiaient que cet outil visuel était un puissant moyen d’éducation populaire et de débat public !

Naomi Klein a aussi mentionné que la publication du manifeste The leap manifesto (Un grand bond vers l’avant) était d’initier un véritable mouvement social, argument majeur dans le plaidoyer du livre comme du film. Le manifeste a été traduit en huit langues, dont en inuit, et plus de 25 000 personnes ont signé l’appel depuis la mi-septembre.

La stratégie de diffusion du film pour Naomi Klein et Avi Lewis est de créer un mouvement de sensibilisation. Elle a annoncé la diffusion militante synchronisée et gratuite dans plusieurs villes européennes, en prévision de la conférence de Paris sur les changements climatiques (COP 21), la traduction en plusieurs langues, la volonté d’offrir aux organismes communautaires les droits de diffusion dès cet automne pour réaliser des discussions collectives dans leur milieu, et aussi la diffusion libre du film en 2016.

Aussi, la démarche pour le lancement du film fut d’associer des réseaux qui militent pour la justice climatique, soit Alternatives, Élan global et ÉCO (Étudiant-es contre les oléoducs).

Un film rempli d’espoir

La construction du film reprend de manière très dynamique, l’exposé plus théorique du livre. Même si la dramatisation des conséquences est présentée sans réserve, l’ensemble de la démonstration offre des perspectives par la mobilisation sociale partout sur la planète.

On peut y découvrir des arguments déjà connus sur les enjeux, dont toute la question du seuil de réchauffement du deux degrés, traitée de manière très pédagogique par le biais de l’infographie. Toutefois, ce sont les témoignages des différentes situations locales qui ont eu le plus d’impact sur l’audience et qui présente une véritable originalité avec le livre.

En plus de faire le tour de la question sur les sables bitumineux et Fort McMurray, avec des témoignages de travailleuses et de travailleurs critiques du chantier, de présenter la situation d’une ferme du Montana aux États-Unis qui a tout perdu en l’espace d’une inondation consécutive à un dégât pétrolier, de la mobilisation en Inde, de la pollution en Chine, des développements de l’industrie allemande, et aussi de la mobilisation du peuple grec contre l’entreprise minière canadienne Eldorado gold.

Pas d’opposition entre environnement et austérité

Cette incursion dans la conjoncture politique grecque est l’occasion pour les deux protagonistes de traiter des enjeux de l’austérité et de l’environnement. Dans l’échange après le visionnement du film, Naomi Klein a répété son parti pris à ne pas opposer environnement et austérité. Si la solution passe par une rupture avec un modèle économique basé sur les énergies fossiles, elle ne peut se faire dans le cadre de politiques d’austérité reprises par la plupart des gouvernements de la planète qui constitue un verrou à un tel tournant.

Mentionnons que cette approche converge avec celle des organisations associées au Front commun pour la transition énergétique qui cherche tout autant à mobiliser les organisations syndicales dans une perspective d’une transition qui offre des réponses aux enjeux des emplois.

Les mobilisations sont devant nous

Il est vrai que la 21e Conférence des « parties » de Paris, qui se tiendra début décembre, suscite la mobilisation des mouvements écologistes partout dans le monde. Toutefois, ceux d’ici saisissent aussi la conjoncture politique pour demander pas seulement un changement de gouvernement, mais aussi un profond changement politique.

Pour télécharger l’affiche du film (en anglais) :

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