Les forums sociaux mondiaux ont d’abord vu le jour à Porto Alegre en 2001, puis ailleurs dans le monde, jusqu’à Nairobi en janvier dernier. Mais ces forums sociaux se sont aussi multipliés du global vers le local. Et c’est précisément dans cette dynamique que s’inscrit notre rendez-vous québécois d’août prochain.
Ici aussi nous ressentons la volonté profonde de rompre avec la pensée unique véhiculée par la mondialisation néolibérale et la logique économique qu’elle impose. Les Québécoises et les Québécois veulent elles et eux aussi participer à ce réveil citoyen, qui a pris une envergure inédite depuis 2001.
Le premier FSQ cherche à susciter, ici au Québec, un « mouvement de mouvements » qui se caractérise par une richesse et une diversité de points de vue et de propositions. Bref, déployer des stratégies d’actions à tous les niveaux, contribuer à initier un vaste mouvement global de transformation par la base, mettant ainsi sur la touche les structures de pouvoir hiérarchique.
Enfin, et plusieurs propositions d’ateliers l’illustrent déjà, un FSQ ne saurait déployer toute sa pertinence sans témoigner d’un ensemble de préoccupations et de sensibilités pour la situation économique et sociale de dizaines d’autres pays à travers le monde.
Notre Forum social, à l’instar des autres forums sociaux tenus partout ailleurs dans le monde, repose largement sur l’autoprogrammation, c’est-à-dire sur les activités, ateliers, débats ou tables rondes proposés par des individus et organisations venant de tous les horizons du Québec.
Près d’une centaine d’activités sont déjà inscrites au Forum. Elles se regroupent autour des huit axes thématiques du FSQ, dont les plus larges sont : droits humains et lutte pour l’égalité ; monde du travail, luttes syndicales et économie sociale et solidaire ; environnement et écologie ; participation citoyenne, démocratie et pouvoir populaire : repenser le politique ; et solidarité internationale et pacifisme.
Quatre grandes conférences alimenteront également le Forum, portant des titres comme Québec-Amériques : quelles solidarités ? et Un Québec riche de toutes ses régions. De nombreux conférenciers tels que Chico Whitaker, un des fondateurs des forums sociaux mondiaux, ou Jacques Proulx, membre fondateur de Solidarité rurale, prendront la parole.
La programmation culturelle du FSQ se voudra un point d’ancrage fondamental de l’événement. Dans le concept même d’un Forum social, l’aménagement d’un espace culturel et artistique fait partie intégrante de la démarche, puisqu’il offre une zone de rassemblement populaire, accessible et festive. Des dizaines d’artistes seront d’ailleurs présents pour l’occasion. En effet, les formes de résistance et d’expression sont multiples : leurs manifestations artistiques témoignent de la richesse diversifiée de la créativité humaine, tout en sachant piquer la curiosité et éveiller la conscience du plus grand nombre. Voilà pourquoi spectacle d’ouverture, soirées thématiques culturelles, festival de films et de documentaires, espaces de création libre et expositions d’arts visuels font partie des centaines d’activités que nous comptons susciter par la tenue de ce premier FSQ.
Le FSQ devra composer lui aussi avec les mêmes ordres de tensions et de difficultés vécus lors des autres forums sociaux tenus ailleurs. Mentionnons, parmi les défis les plus importants à relever, celui d’assurer une présence significative et une participation réelle de personnes et de groupes des classes défavorisées ; celui d’approfondir les engagements nécessaires de toutes et de tous, de consolider leurs solidarités, et de concrétiser de véritables alternatives économiques et sociales progressistes au plan national et international, tout en évitant exclusions et sectarisme.
Mais le FSQ cherche aussi à relever un défi de taille à l’échelle du Québec : celui de favoriser la participation constructive de l’ensemble des régions. L’objectif sera de s’assurer que soient soulevés les divers enjeux rencontrés dans toutes les régions et que soient tissés des liens de solidarités à travers l’ensemble du territoire. C’est pourquoi le FSQ compte aujourd’hui, ou comptera sous peu, des collectifs régionaux dans plusieurs régions du Québec : Saguenay Lac St-Jean, Outaouais, Centre du Québec, Estrie, Montérégie, Lanaudière, Bas St-Laurent et, bien sûr, la Capitale nationale, qui a pour objectif d’inscrire 500 personnes à ce premier FSQ. Ces collectifs visent à regrouper des forces vives dans chaque région pour notamment convenir d’actions communes, ainsi que pour susciter une mobilisation et une participation forte des personnes et groupes de chaque région au FSQ.
Avec la tenue de ce premier Forum social québécois, où des milliers de gens sont conviés, se profile une occasion unique pour nous toutes et tous de s’associer à un mouvement altermondialiste de plus en plus puissant à travers le monde, parce qu’il s’appuie en premier lieu sur des forces vives locales, régionales et nationales.
Comme le soulignait Raoul Duguay, autre porte-parole, « le FSQ, c’est la convergence des intelligences créatrices, du pouvoir de l’imagination et de la solidarité citoyenne au service d’une humanité qui ne se soucie pas seulement de survivre mais de vivre mieux. Les alternatives proposées au FSQ concernent l’avenir des générations et doivent les unir ».