Mois de la Photo à Montréal

Trompe-l’œil

mercredi 26 septembre 2007, par Amélie TENDLAND

À Montréal, le Mois de la photo s’aventure cette année dans un nouveau quartier, Saint-Henri. Au hasard des rues, on peut ainsi y apercevoir des photos géantes de gardiens de sécurité, qui donnent l’impression bizarre d’être sous surveillance. Étonnant. Une trentaine d’autres expositions-installations sont aussi présentées aux quatre coins de Montréal, dans le cadre d’un événement qui interroge plus que jamais notre rapport avec la réalité.

Thomas Kneubühler (Suiise-Canada)

Les photographies géantes de Thomas Kneubühler, artiste montréalais d’origine suisse, présentent les portraits de gardiens de sécurité en uniforme, photographiés dans leurs milieux de travail, des endroits hautement sécurisés et interdits au public. Nés de l’intérêt de l’artiste pour l’inquiétude grandissante concernant la sécurité en Amérique du Nord, ces clichés de gardiens aux regards neutres et anonymes sont exposés au regard de tous sur des bâtiments ayant un lien particulier avec la sécurité : station d’essence Esso, maison des jeunes, resto-bar, etc.

Carlos et Janson Sanchez (Canada)

La galerie Parisian Laundry (3550, St-Antoine Est, 514-989-1056) accueille entre autres les œuvres de Carlos et Jason Sanchez. Les photographies de ces deux frères montréalais présentent de minutieuses mises en scène, interprétées par leurs proches. Comme au cinéma, tous les détails de la mise en scène ont été soigneusement camouflés, pour mieux imiter le réel. Les photographies, souvent inspirées par des situations banales du quotidien, sont empreintes d’un réalisme étrange et inquiétant.

L’œuvre Abduction (Enlèvement) présente notamment un homme tout de noir vêtu, au chevet d’une jeune fille assise sur un lit rempli de cadeaux, l’enfant fuyant le regard de l’homme, une carte de vœux entre les mains. Identification met quant à elle en scène un homme et une femme en pleurs à la morgue. Enfin, plus comique, The Hurried Child (l’enfant pressée) montre une fillette trop maquillée dans une somptueuse robe de bal blanche. Debout sur le devant d’une scène, la jeune fille semble n’avoir qu’une idée en tête : fuir !

Éric Beaudelaire (Canada)

De son côté, la maison de la culture Frontenac (2550, rue Ontario Est, 514-872-7882) présente notamment les photographies du Parisien né aux États-Unis, Éric Baudelaire. On y découvre particulièrement son diptyque The Dreadful Details, la reconstitution d’une scène de la guerre en Irak dans un décor de studio hollywoodien. L’exposition présente également 14 œuvres d’États imaginés, une série de photographies réalisées en Abkhazie, république autonome au sein de la Géorgie qui a proclamé son indépendance en 1992, mais qui n’est toujours pas reconnue internationalement. Les œuvres présentent des endroits en décomposition et désolés, des bâtiments délabrés, de vieilles carcasses de voitures rouillées au milieu d’un étang ou, encore, le portrait d’un Acteur comique, assis sur un fauteuil au milieu d’une chambre quasi vide, le regard triste et sombre.

La trentaine d’artistes du 10e Mois de la photo proviennent du Québec, du Canada, de l’Amérique du Sud, de l’Europe et de l’Asie. Ils exposent jusqu’au 21 octobre. Présentées dans les galeries d’art, les maisons de la culture et divers centres artistiques, toutes les expositions et les activités sont gratuites. Pour consulter la programmation complète : www.moisdelaphoto.com.


L’auteure est journaliste indépendante

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