Trois jours sans eau, et c’est la mort !

mercredi 3 février 2016, par Normand Beaudet

L’humain ne peut pas vivre plus de trois jours sans eau. En matière de sécurité civile, une faille dans l’approvisionnement en eau potable d’une communauté urbaine majeure est un enjeu critique. C’est une priorité absolue !

Imaginez qu’on doive fermer l’approvisionnement en eau de la grande région de Montréal, pour une durée indéterminée. Les réservoirs gravitationnels de la ville de Montréal ne donnent que quelques jours d’eau. Il n’y a donc qu’un certain nombre d’heures pour organiser un approvisionnement alternatif pour des millions de personnes. On doit éviter une ruée pour vider les commerces de leurs cruchons d’eau. Le grand Montréal est arrêté et plus rien ne fonctionne, même les pompiers n’ont plus d’eau. Doit-on évacuer Montréal et ses banlieues ?

C’est la réalité qui tracasse les autorités de la sécurité civile depuis la mise en fonction de la ligne 9B Enbridge, autorisée par l’Office fédéral de l’Énergie. La ligne 9B, c’est ce vieux pipeline de gaz qu’on a inversé. Il permet à des centaines de milliers de gallons de bitumineux dilué par des chimiques de franchir le fleuve à Saint-André d’Argenteuil. C’est maintenant une demi-douzaine de tuyaux d’hydrocarbures qui traversent le fleuve en périphérie du Lac des Deux-Montagnes. Un circuit empoisonné à proximité et en amont des prises d’eau de la grande région de Montréal. Pour les 43 maires de la région le pipeline Transcanada n’est que le tout dernier dans la liste.

Un rapport accablant

Québec a commandé un rapport à la Polytechnique. Il indique les bonnes pratiques en matière de traverses de cours d’eau. Sa conclusion : On devrait forcer ces tuyaux à traverser le fleuve dans un tunnel, isolant les hydrocarbures de l’eau. Cette pratique devrait s’appliquer à tous les pipelines d’hydrocarbures qui traversent des cours d’eau à important débit. Cette réalité a certainement influencé la sortie des maires contre le projet Transcanada.

La profonde inquiétude des autorités s’explique par le fait qu’aucune des installations de traitement de l’eau potable dans la région de Montréal n’est équipée pour purifier une eau contaminée par des dérivés de pétrole. Une fuite de pétrole brut créerait des dépôts persistants à proximité des puises d’eau. Une situation qui polluerait l’approvisionnement en eau potable et les équipements servant des millions de citoyens pour une période qu’aucun spécialiste ne peut présentement déterminer. Les spécialistes de notre eau sont très inquiets.

L’opposition au projet Transcanada est un choix pour l’accès à une eau traitable pour une majorité de la population québécoise. Cette position devrait nous inciter à revoir la mise en service de la ligne 9B d’Enbridge, installation existante qui a évité un processus rigoureux d’évaluation et une telle opposition. Il en va de notre sécurité.

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