Recueil

Terre de personne

vendredi 20 février 2004, par Catherine BINETTE

Cette Terre de personne que Parra nous décrit est la terre de tous ces êtres dont le destin est confiné à la souffrance. Cette terre aride et désertique du nord mexicain abrite des milliers d’hommes et de femmes provenant de tous les coins du pays, ayant comme objectif de traverser la frontière vers les États-Unis, ou simplement d’attendre le retour de ceux et celles qui les ont quittés pour un monde plus prometteur.

Entre les eaux polluées du fleuve rio Bravo, les villages fantômes et les maquiladoras des villes frontalières, des milliers de Mexicains affrontent leur destin. Parra nous présente, à travers ses dix nouvelles, des sans-abri, des orphelins, des paysans sans-terre, des prostituées, des policiers corrompus, des femmes seules et des vieillards désillusionnés, qui survivent avec acharnement et détermination à l’injustice accablante. « Ces foutus Américains, ils ont tout, et nous, on est bien baisés », s’exclame l’un des personnage.

Le style de Parra est cru, dénonciateur et imagé. Mêlant mythe et vérité, l’auteur raconte la misère et l’horreur, mais aussi le courage et la force de vivre. Il le fait avec une telle intensité qu’il réussit à nous faire ressentir le dégoût, la tristesse et la rage, confrontant ses lecteurs à une violence inouïe, celle dont seuls les êtres humains sont capables. Par sa façon de décrire le cauchemar, Parra nous trouble, et pourtant, il raconte la réalité.


TERRE DE PERSONNE, Eduardo Antonio Parra, traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean Bernier, Montréal, Éditions du Boréal, 2003, 216 pages.

À propos de Catherine BINETTE

Amérique latine et Caraïbes

Catherine Binette a fait des études universitaires en gestion et en développement international à l’Université McGill. Il n’a fallu qu’une expérience de solidarité au sein d’une communauté autochtone de Oaxaca, au Mexique, pour confirmer l’intérêt qu’elle porte à la dynamique des mouvements sociaux et indigènes dans les Amériques. À l’emploi d’Alternatives depuis 2002, Catherine a d’abord travaillé comme chargée de projets et coordonnatrice du programme de communications et de mobilisation, ou elle s’est concentrée principalement sur le dossier du forum social mondial. Suite à un stage en économie sociale au Brésil, elle fait le saut dans l’équipe internationale et prend en charge les projets d’Alternatives dans les Amériques. Elle s’intéresse particulièrement aux pratiques novatrices d’économie solidaire et de développement local, ainsi qu’aux processus de transformation politique auquel nous assistons en Amérique du Sud.

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