
Cette Terre de personne que Parra nous décrit est la terre de tous ces êtres dont le destin est confiné à la souffrance. Cette terre aride et désertique du nord mexicain abrite des milliers d’hommes et de femmes provenant de tous les coins du pays, ayant comme objectif de traverser la frontière vers les États-Unis, ou simplement d’attendre le retour de ceux et celles qui les ont quittés pour un monde plus prometteur.
Entre les eaux polluées du fleuve rio Bravo, les villages fantômes et les maquiladoras des villes frontalières, des milliers de Mexicains affrontent leur destin. Parra nous présente, à travers ses dix nouvelles, des sans-abri, des orphelins, des paysans sans-terre, des prostituées, des policiers corrompus, des femmes seules et des vieillards désillusionnés, qui survivent avec acharnement et détermination à l’injustice accablante. « Ces foutus Américains, ils ont tout, et nous, on est bien baisés », s’exclame l’un des personnage.
Le style de Parra est cru, dénonciateur et imagé. Mêlant mythe et vérité, l’auteur raconte la misère et l’horreur, mais aussi le courage et la force de vivre. Il le fait avec une telle intensité qu’il réussit à nous faire ressentir le dégoût, la tristesse et la rage, confrontant ses lecteurs à une violence inouïe, celle dont seuls les êtres humains sont capables. Par sa façon de décrire le cauchemar, Parra nous trouble, et pourtant, il raconte la réalité.