Après un long parcours de négociations infructueuses entre le gouvernement provisoire et le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) et suite à la négligence des revendications des journalistes toutes spécialités confondues, les membres du bureau exécutif du SNJT ont appelé, hier, les professionnels du secteur à observer une grève générale le mercredi 17 octobre 2012.
Cette décision prise à l’issue de la réunion des membres du bureau exécutif élargi tenue au siège du syndicat, vient en guise réponse à l’appel lancé par les journalistes le 24 août 2012 lors de la réunion générale extraordinaire.
Ca y est. Les journalistes tunisiens en ont assez. Ils n’arrivent plus à supporter les tentatives récurrentes du gouvernement provisoire à museler les médias et négliger leurs revendications légitimes, plus particulièrement la liberté d’expression et le droit à exercer leur métier dans un cadre adéquat. Face à cette situation, et après le blocage des négociations entre la structure syndicale et le gouvernement provisoire qui fait la sourde oreille face aux demandes des professionnels du secteur, les journalistes envisagent d’observer une grève et ce, pour revendiquer, notamment leur droit à inclure la liberté d’expression, de la presse et de la création dans la Constitution sans conditions. D’ailleurs, la liste des demandes est élargie. Elle a été formulée dans une motion rendue publique par le SNJT et où l’on peut lire 13 points qui ne manquent pas d’importance. Dès lors, les journalistes appellent de nouveau le gouvernement provisoire à appliquer les décrets lois 115-116 d’autant plus qu’ils ont été publié dans le Journal Officiel et en insistant sur l’urgence de créer l’Instance Nationale Indépendante du Secteur Audiovisuel tout en refusant tous les projets lois qui appellent à l’emprisonnement des journalistes et qui limitent la liberté d’expression.
Et les nominations ?
Par ailleurs, la motion appelle le gouvernement provisoire à renoncer aux nominations imposées à la tête de plusieurs établissements de médias dont, Dar Assabah et les établissements étatiques et en appliquant le principe de séparation entre l’administration et la rédaction. Ce n’est pas tout. Le SNJT réitère sa demande d’élire les rédacteurs en chef et les comités de rédaction, en plus de la formulation des chartes rédactionnelles tout en renonçant aux chartes déjà formulées dans quelques établissements de média.
La préservation des droits syndicaux des journalistes à été également formulée dans la motion. A cet effet, le SNJT refuse toute sanction prise contre les journalistes à cause de leurs positions syndicales dont la suppression d’une somme d’argent de leur salaire.
Conditions de travail
Toujours dans le même contexte. La régularisation de la situation des journalistes qui travaillent dans des conditions précaires et le refus de toutes les formes de travail fragile et l’application des textes de loi (convention collective et code de travail) régissant le secteur ont été clairement exprimées dans la motion. Dans ce sens, le syndicat a réitéré sa position par rapport à l’urgence de réintégrer les journalistes licenciés abusivement de leurs postes ou repêchés illégalement vers d’autres services de la Radio Nationale. Les avoirs des journalistes et des employés de Dar Assabah et leur transformation en des actions dans le capital de l’établissement ainsi que la création d’une société de rédacteurs ont été parmi les points formulés dans la motion.
En fait la liste est longue. Le SNJT demande aussi d’incriminer toutes les formes d’agression contre les journalistes tout en enquêtant sur les dépassements enregistrés contre eux. La révision de la composition du conseil d’administration de la Télévision Nationale selon les normes internationales, la promulgation d’une convention collective destinée à tous les journalistes de la place ainsi que la distribution équitable de la publicité publique ont figuré dans la motion.
C’est clair. Les journalistes tunisiens ont dit leur dernier mot. Ils sont déterminés plus que jamais à aller de l’avant pour préserver leur droit à s’exprimer librement et à exercer leur métier dignement tout en défendant leurs droits économiques et sociaux.