Se lancer en affaires… autrement

dimanche 25 mai 2003, par Daphnée DION-VIENS

Depuis quelques années, des centaines d’entreprises d’économie sociale ont vu le jour aux quatre coins du Québec. Un des secrets de leur succès ? Le financement du Réseau d’investissement social du Québec (RISQ).
Le RISQ est le premier réseau de financement uniquement dédié à l’économie sociale dans la province. Depuis ses débuts en 1997, le RISQ a contribué au démarrage de 240 projets d’entreprises qui ont engendré 3 013 emplois.

« L’économie sociale, c’est la démocratisation du citoyen dans l’économie », affirme Olivier Rousseau, analyste financier pour le RISQ. L’entrepreunariat à vocation sociale se démarque avant tout par ses objectifs de rentabilité sociale, tout en maintenant une viabilité financière. « L’économie sociale vient combler un vide en société. Un de ses objectifs est de répondre à des besoins délaissés par l’entreprise privée et jugés trop chers à défrayer par l’État », explique M. Rousseau. Il rappelle que ce fonds de capital de risque sans but lucratif fait du « financement éthique, de A à Z ». Parmi les critères de sélection des projets, on retrouve notamment la structure démocratique de l’entreprise et les coûts environnementaux.

Et ce ne sont pas les exemples de réussite qui manquent. Que ce soit l’entreprise d’insertion sociale Le Tournant inc. , une usine de transformation de bois qui mise sur le recyclage des résidus, ou la coopérative d’alimentation Distribution M & R, les différentes entreprises d’économie sociale ont démontré qu’il est possible d’allier objectifs sociaux et rentabilité financière.

À la croisée des chemins

À sa création, le RISQ était doté d’un capital de 10 millions de dollars provenant des grandes entreprises du secteur privé et du gouvernement du Québec. « Nous sommes maintenant à la croisée des chemins, souligne Élise Tessier, directrice générale du RISQ. Il faut que l’argent investi dans le fonds soit maintenant perçu comme un véritable investissement, et non plus comme de la charité. Oui, l’économie sociale est rentable financièrement et elle est extrêmement rentable sur le plan social. » Le RISQ a d’ailleurs récemment lancé une nouvelle campagne de financement, question de renflouer les coffres.

Mais avec le nouveau gouvernement libéral, le financement de l’économie sociale est maintenant sur la glace. L’ancienne ministre des Finances, Pauline Marois, avait annoncé des engagements de 40 millions de dollars en trois ans dans son dernier budget, qui n’a pas été adopté par l’Assemblée nationale. « Nous sommes évidemment inquiets. Nous n’avons pas encore eu de son de cloche du nouveau gouvernement ; un nombre très important d’emplois est en jeu », s’inquiète Mme Tessier.

Une opération de sensibilisation est aussi en cours auprès du gouvernement fédéral, afin qu’il devienne l’un des partenaires-investisseurs du RISQ et accorde des avantages fiscaux favorisant la participation de l’entreprise privée au financement du fonds, une mesure déjà adoptée par le gouvernement du Québec. On étudie aussi la possibilité de mettre sur pied une structure capable d’accueillir l’investissement des particuliers, à moyen terme.

En attendant les réponses sur le plan politique, le RISQ continue ses activités et l’analyse de nouveaux projets à financer. « La demande est tellement forte, on reçoit environ quatre à cinq nouveaux projets par semaine », affirme Oliver Rousseau, tout en rappelant que l’entreprenariat ne demeure qu’un moyen pour réaliser la mission sociale, objectif premier de tout projet d’économie sociale.


Daphnée Dion-Viens, coordonnatrice et rédactrice, journal Alternatives

Pour en savoir plus sur le RISQ : www.risq.qc.ca

À propos de Daphnée DION-VIENS

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