
Contexte :
Longtemps victime de discrimination raciale et de grossières violations des droits humains, les populations non-blanches d’Afrique du Sud jouissent, depuis 1994, de droits civiques et électoraux au même titre que les populations blanches. Admirée de partout à travers le monde, la constitution sud-africaine est régulièrement citée comme étant un modèle de progressisme, d’intégration sociale et de protection des femmes, des enfants, des minorités culturelles et des immigrants.
Toutefois, beaucoup d’acteurs du développement, de chercheurs et de défenseurs des droits humains s’inquiètent actuellement en Afrique du Sud. D’un côté, la crise économique qui frappe le pays, en plus d’appauvrir considérablement les populations déjà très pauvres, a fait surgir un profond sentiment de xénophobie tant chez les populations qu’au sein des forces de l’ordre. Les immigrants provenant des pays voisins, parfois illégaux mais aussi ceux en règle, sont régulièrement victimes d’arrestations arbitraires, de vindictes populaires et de diverses formes de discrimination sociale.
D’un autre côté, les politiques de développement économique mises de l’avant par le gouvernement, consistant en une série de mesures financières austères et de privatisations des services publics essentiels, menacent constamment l’accès aux services de base pour les populations appauvries. Bien que l’accès à l’eau et à des soins de santé soit intégralement garantis par la Constitution sud-africaine, la marchandisation de ces services eut pour conséquence une augmentation considérable des frais encourus. Ainsi, des millions de sud-africains auraient perdu accès à l’eau au cours des dernières années. Jumelée à un taux de chômage dépassant les 40%, la marchandisation des services d’eau potable, d’énergie, de santé et d’éducation a un impact terrible sur la situation des femmes notamment, puisque responsables des tâches domestiques et de l’éducation des enfants.
Projet :
C’est dans cet esprit qu’Alternatives finance la production d’un rapport de recherche visant à évaluer l’impact du contexte économique et constitutionnel sur la situation des droits humains dans ce pays. Dirigé par le groupe de recherche Research & Education in Development, un partenaire d’Alternatives depuis trois ans, le processus impliquera activement les populations à la base et les groupes communautaires locaux. Des chercheurs seront formés dans les communautés afin de conduire les entrevues et de rédiger les rapports intérimaires. Les populations seront, dans un même temps, informées quant à leurs droits et la constitution sud-africaine.
Les objectifs du projet sont les suivants :
– Obtenir une meilleure connaissance de la situation des droits humains en Afrique du Sud suite à la transition démocratique des années 1990 et analyser l’impact des politiques de développement économique sur les droits de la personne ;
– Analyser les conditions dans lesquelles la nouvelle constitution sud-africaine est en mesure de répondre aux violations des droits de la personne ;
– Renforcer les capacités de recherche participative au sein des organisations de la société civile sud-africaine ;
– Effectuer un mapping stratégique des organisations communautaires sud-africaines impliquées dans les questions de droits humains, de droits socio-économiques et de droits de la femme