Dans le rapport rendu public le 22 novembre par la Fondation David Suzuki et l’Institut Pembina, deux des institutions canadiennes les plus respectées en matière de science environnementale, il est démontré que le Canada devra réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 25 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2020, et de 80 % d’ici 2050.
Mais pour « empêcher que surviennent des changements climatiques aux conséquences dangereuses, il faut que tous les pays industrialisés fassent des réductions de cette ampleur », prévient Matthew Bramley, responsable des questions climatiques à l’Institut Pembina. Le chercheur insiste cependant sur la responsabilité du Canada et le devoir qu’il a de jouer un rôle de leader sur ces questions, en montrant l’exemple. « Si le Canada adoptait des cibles moindres, ce serait comme abandonner ses responsabilités sur la scène internationale. Plusieurs pays ont déjà adopté des cibles de réduction radicales et le Canada doit faire de même s’il veut s’afficher comme un chef de file pour la protection du climat. »
Après 2012
Jusqu’au 9 décembre, c’est plus de 10 000 délégués provenant de près de 200 pays que le Canada accueille à Montréal, pour une conférence sur les changements climatiques, qui est la plus importante depuis l’adoption du protocole de Kyoto en 1997. Et l’une des grandes questions que doivent discuter les délégués concerne de fait l’établissement de cibles de réduction pour après 2012, soit à l’échéance des cibles de Kyoto.
Dale Marshall, spécialiste des politiques climatiques au bureau d’Ottawa de la Fondation David Suzuki, insiste pour dire, qu’à cette occasion, « il est essentiel que le Canada établisse une politique climatique claire pour après 2012 et qu’il s’engage à réduire, de façon radicale et permanente, ses émissions de GES. Pour le Canada, c’est le meilleur moment possible pour faire preuve de leadership à l’échelle mondiale. »
Le rapport, Réduire radicalement les gaz à effet de serre, présente une synthèse des plus récentes recherches de la science climatique, démontrant qu’il faut maintenir la concentration des GES dans l’atmosphère en deçà d’un certain seuil pour empêcher le déclenchement de changements climatiques dangereux. Il établit ensuite les cibles de réduction d’émissions que doivent adopter les pays industrialisés, comme le Canada, pour éviter d’atteindre ce seuil dangereux.
C’est que les GES s’accumulent dans l’atmosphère. Arrêter la hausse de leurs émissions n’est donc pas suffisant pour stabiliser leur concentration. Selon le rapport, il n’y a qu’une seule façon d’éviter les conséquences dangereuses du réchauffement climatique : réduire radicalement, et de façon permanente, les émissions de GES à l’échelle mondiale. « Il faut absolument qu’on en arrive à une vaste entente internationale qui permettra de réaliser des réductions de GES beaucoup plus importantes après 2012 », martèle Matthew Bramley.
En ratifiant le protocole de Kyoto, le Canada a accepté de réduire ses émissions de GES de 6 % d’ici 2012. Mais le gouvernement fédéral n’a encore pris aucun engagement à l’égard des réductions beaucoup plus radicales qui devront être réalisées à l’expiration des cibles de Kyoto, en 2012. En d’autres termes, la politique actuelle du Canada sur les changements climatiques s’arrête subitement au 1er janvier 2013.
Des solutions
Pour atteindre, après 2012, les cibles telles que définies dans le rapport de l’Institut Pembina et de la Fondation David Suzuki, il est proposé au Canada de procéder à une série de mesures d’un plan à long terme, qui lui seront bénéfiques tant du point de vue de l’environnement que sur le plan économique. Parmi celles-ci : doubler l’efficacité de l’isolation des bâtiments tant résidentiels que commerciaux, doubler le rendement de l’essence pour les camions et le tripler pour les voitures, doubler l’efficacité moyenne des appareils électriques incluant l’éclairage, les moteurs et les électroménagers, améliorer le rendement énergétique des industries d’un pour cent par année, et supprimer progressivement le nombre de centrales nucléaires et au charbon, étant donné que le rendement écologique augmente du côté des nouvelles énergies.
Un effort concerté en vue de la réduction de la consommation énergétique tant individuelle qu’industrielle aurait pour effet, prétend le rapport, de diminuer de moitié l’émission des GES par le Canada tout en réduisant sa facture de 30 milliards de dollars d’ici 2030.