Les consensus scientifiques sont clairs : les impacts de la crise climatique frappent déjà de plein fouet plusieurs communautés au Canada et ailleurs sur la planète. Et si rien ne change, au rythme actuel, les jeunes d’aujourd’hui pourraient voir d’ici quelques décennies la Terre se transformer en une étuve où la vie elle-même sera menacée à plusieurs endroits, dans un monde dévasté par l’effondrement écologique, l’écroulement économique, le chaos social. Les Premières Nations s’expriment d’ailleurs en ce sens depuis des siècles, et les écologistes depuis un bon moment. Les scientifiques du climat nous disent aussi que, pour éviter ce scénario du pire, il faut limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle car tout dépassement de ce plafond pourrait provoquer des boucles de rétroaction aux conséquences imprévisibles, potentiellement tragiques. Face à l’urgence climatique, les virages que nous prenons maintenant feront la différence : tout va se jouer dans la décennie 2020 et le Québec peut et doit jouer un rôle significatif en parvenant impérativement à la carboneutralité dans les meilleurs délais.
Dans un contexte où le gouvernement québécois fait plutôt figure de dernier de classe à ce niveau, il incombe aux mouvements social, communautaire, syndical, étudiant et tous les autres de paver la voie et faire des propositions concrètes.
Le Front Commun pour la transition énergétique s’active à cette réflexion et propose un processus permettant à la fois le développement d’un solide plan de match pour atteindre la carboneutralité mais aussi de permettre au mouvement social québécois de s’approprier des enjeux.
Créé par une alliance historique entre les regroupements citoyens, les ONG environnementales et d’autres organisations de la société civile, notamment des syndicats et des organismes communautaires, le Front commun unit les forces de 72 groupes représentant ensemble 1,7 million de personnes qui disent oui à une transition énergétique porteuse de justice sociale. Au-delà des chiffres, le FCTE accueille depuis novembre la plupart des grandes discussions portant actuellement sur les actions du mouvement social sur les changements climatiques. La prochaine grève prévue pour le printemps y est déjà discutée.
Appel à l’action : résilience, égalité et inclusion
Au-delà de la mobilisation, nous savons que des solutions existent et qu’il est de notre devoir de les mettre de l’avant au moment où les gouvernements cherchent à peine à se doter de plans efficaces pour contrer les changements climatiques . Ces solutions sont connues et réalisables, à la condition d’agir sans délai. Elles mènent à un monde plus résilient et plus juste, mais impliquent en retour des mises en œuvre très exigeantes. La profondeur des transformations à effectuer, dans les délais qui nous sont impartis, appelle donc à une concertation intense à tous les niveaux.
Pour accélérer la mise en place d’une transition énergétique structurante et porteuse de justice sociale, le FCTE a conçu une première version d’une feuille de route vers un Québec Zéro émission nette, « Québec ZéN », et une seconde version sera rendue publique le 22 avril 2020, lors du 50e Jour de la terre.
Cette seconde version sera le fruit de la collaboration entre les acteurs du mouvements social, membres et non-membres du Front Commun. L’objectif est de co-créer cette version 2.0 dans le cadre d’un dialogue social constructif. Les groupes sont invités à organiser des discussions lesquelles permettront d’identifier les chemins à prendre pour arriver à créer ce Québec ZéN. Notre vision est celle d’arriver d’ici avril 2020 à une Feuille de route qui fasse largement consensus au sein de la société québécoise et de tous les peuples qui habitent ce territoire politique.
Une société carboneutre est une société durable
En soi, la transition énergétique, en plus de viser à réduire les gaz à effet de serre, est une opportunité de proposer des avenues concrètes pour construire une société plus résiliente, plus égalitaire et viable sur le plan écologique. Pour le dire simplement, bien au-delà des seuls enjeux des énergies fossiles, tout doit être revu pour un projet de société « carboneutriste » (ne cherchez pas sur Google, je viens d’inventer l’expression) : la société carboneutre visera par exemple à instaurer des réseaux courts pour répondre aux besoins de sa population. Cette seule idée implique des révisions en profondeur de nos modes de production et de nos habitudes de consommation. Mettre en place des réseaux courts implique d’aller à l’inverse de la tendance mondialisante actuelle. Il faudra penser à produire localement, mais surtout à produire en fonction des besoins locaux et non en fonction d’hypothétiques besoins ailleurs sur la planète.
Participez à la démarche !
Étant donné la profondeur des transformations à effectuer, les défis d’inclusion et les délais qui nous sont impartis, seule une approche participative nous permettra de nous entendre sur les moyens d’atteindre nos objectifs. Ainsi, rassembler les forces régionales et/ou sectorielles et les mettre en action autour de la Feuille de route vise une plus large prise de conscience des choix que nous aurons à faire pour répondre aux défis qui se dressent devant nous.
En inventant des espaces inclusifs pour mettre en commun nos efforts de résilience collective, nous créons de nouveaux points de départ aux potentiels emballants pour des actions structurantes et porteuses.
D’ici avril 2020, des représentant·es du FCTE parcourront le Québec afin d’expliquer la feuille de route et consulter le mouvement social.
Vous êtes invités à participer !