
Ahmadou Kourouma a sans doute été l’un des plus grands romanciers de l’Afrique noire francophone, sinon le plus important. Mort à Lyon l’année dernière, vivant en exil depuis les lendemains de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, il nous a laissé un dernier legs, un dernier roman inachevé, nous racontant une fois de plus cette Afrique meurtrie, pillée et humiliée par le colonialisme et son corollaire la coopération. Détruite et ridiculisés par une pléthore de petits arrivistes africains, corrompus et parfois sanguinaires.
Après Allah n’est pas obligé, gagnant du prix Renaudot en 2000, sur la triste et terrifiante réalité des enfants-soldats, Kourouma nous parle cette fois de la Côte d’Ivoire, l’ancienne réussite du pré carré français, aux prises aujourd’hui avec la maladie de l’ethnisme. Si on n’y est pas très tendre avec Houphouët-Boigny, ce premier président corrompu et mégalo, on ne l’est pas davantage avec Gbagbo. Décevant retour de l’exilé qui portait pourtant en lui les rêves d’une démocratie et d’un gouvernement responsable à la gestion saine et équilibrée, exempt de toute velléité personnelle.
Dans Quand on refuse on dit non, on retrouve le jeune Birahima, l’enfant-soldat des guerres tribales de Sierra Leone et du Liberia, petit héros d’Allah n’est pas obligé. Si on excepte la petite distorsion géographique, la naïveté, le regard perçant et la dureté de Birahima nous émeut une fois de plus. De page en page, nous le suivons dans sa fuite du Sud vers le Nord du pays, aux côtés de sa si belle cousine Fanta qui entreprend de faire son éducation historique du pays.
Le tout est suivi de notes de l’éditeur et de l’ajout de quelques autres fragments du récit que Kourouma avait lui-même griffonnés.