Comme beaucoup de jeunes soldats, Martin Petit s’était avant tout engagé dans les Forces canadiennes par goût de l’aventure. Il en est revenu pacifiste. Et affligé du syndrome de stress post-traumatique.
« C’est en effet à coup de slogans qu’on recrute des jeunes gens mal éclairés, écrit-il. "Viens te joindre à nous". "Elle est imbattable". "Découvre tes forces". "Si la vie vous intéresse". Comme ironie, il ne se fait guère mieux. Si la vie t’intéresse, on testera sur toi des médicaments expérimentaux ou périmés. Si la vie t’intéresse, tu verras des amas de cadavres et, si la vie t’intéresse encore, on va te la contrôler, ta vie, on t’enlèvera toute liberté d’expression et d’association. »
L’écriture de Martin Petit est simple, franche, presque brutale. Témoin « privilégié » d’opérations militaires dans le Golfe persique, en Somalie et en ex-Yougoslavie, le fantassin en est ressorti la mémoire assombrie par des souvenirs d’horreurs et d’injustices qui continuent toujours de le hanter. Le lecteur les découvrira une à une, telles que l’auteur les a vécues, parfois avec un luxe de détails.
Implacable, Martin Petit ne rate pas une occasion d’exprimer sa rancœur contre l’armée. Plus que tout, il accuse l’institution de veiller d’abord sur ses propres intérêts plutôt que sur ceux de ses soldats ou des populations qu’elle doit aider. Et la franchise du témoignage de Petit apparaît si grande, si prenante, qu’on peut difficilement interrompre la lecture de ce petit livre, une fois qu’on l’a commencé.