Printemps Érable et Hiver Rouge

vendredi 4 janvier 2013, par Michel LAMBERT

L’histoire commune des francophones d’Amérique du Nord et des Premières Nations est jalonnée de conflits et de rendez-vous manqués dont le dernier en liste est la crise d’Oka de 1990 ou la gauche n’a pas su appuyer les revendications autochtones. Aujourd’hui, le mouvement #Idlenomore se présente comme une nouvelle opportunité. Est-ce que Printemps érable et Hiver Rouge peuvent se rencontrer ?? L’histoire le dira. Mais l’énormité des transformations inacceptables à l’État canadien et l’empressement aveugle du gouvernement Conservateur de Stephen Harper d’écarter toute entrave, chez-nous comme ailleurs, à la production et la distribution des pétroles des sables bitumineux apparait comme un point de jonction certain. Alors que la chef Theresa Spense se meurt, que le Gouvernement québécois jongle avec l’idée de laisser entrer le pétrole bitumineux par la ligne 9 d’Embridge, les mouvements sociaux autochtones et non-autochtones parlent de plus en plus d’alliances.

1990

L’accord du Lac Meech vient de mourir, rejetée notamment par les communautés autochtones qui n’y trouvaient rien pour elles. Le Québec le prend personnel et le soutien à l’idée souverainiste atteint des sommets sans précédent. Il n’est plus un regroupement, un festival, une rencontre qui ne prenne des allures de St-Jean Baptiste. Les fleurdelisés et les drapeaux des patriotes sont partout. Les progressistes rêvent déjà d’un pays de projets.

Puis, ce même été, le Québec découvre aussi la pinède d’Oka et une communauté autochtone en lutte. Plusieurs manifestations anti-mohawks mélangent nationalisme et ethnicisme. À LaSalle, on brûle un mannequin représentant un autochtone en scandant le « Québec aux Québécois ». Les progressistes rangent les drapeaux. Mais à gauche, on est surtout perdus et on rate une opportunité de prendre position pour la justice.

2012

En février 2012, les associations étudiantes lancent une mobilisation qui va bien au delà de la question des frais de scolarité. Le printemps érable propose un rejet fondamental du système lui-même et rapidement, il nourrit la colère des multitudes progressistes qui en retour le lui rendent bien. L’aveuglement de Jean Charest qui refusera de voir la profondeur de ce mouvement achèvera de causer sa perte.

Alors que ces braises sont « encore rouges », l’adoption d’une seconde loi mammouth en moins d’une année qui a notamment des effets catastrophiques sur la protection des voies navigables au Canada « réveille » et rassemble les communautés autochtones contre le gouvernement Conservateur de Stephen Harper. Ce dernier se positionne « à la Charest  », obtus, ce qui ne manque pas déjà de nourrir un mouvement qui a forcément tout le potentiel de s’élargir au delà des seuls autochtones.

Printemps érable et Hiver Rouge

Les attaques conservatrices contre tous et toutes dans ce pays vont en grandissant. Lois mammouth anti démocratiques, expansion des pipelines qui fait abstraction des préoccupations environnementales, coupures dans les programmes pour les droits des femmes, dans la coopération internationale, la culture, dans les services publics ;… la liste est trop longue.

Les autochtones de #Idlenomore se demandent au nom de qui Stephen Harper gouverne et c’est aussi la question fondamentale au Québec.

C’est là l’opportunité !

Nous sommes d’horizons divers, autochtones et non-autochtones au Québec mais une chose nous unit : nous nous opposons collectivement à ces politiques et à la vision du monde que les Conservateurs veulent nous imposer.

Les progressistes du Québec doivent faire le pari de soutenir la révolte autochtone ici et ailleurs au Canada car elle est porteuse du même rejet fondamental du système qui a alimenté le Printemps Érable. Elle a donc le potentiel de faire à Stephen Harper ce qu’aucun parti politique ne semble en mesure de faire depuis 2005, soit d’imposer une réelle opposition.

Une opposition extraparlementaire !

En parallèle, depuis plusieurs mois, un processus de Forum social Québec/Canada/Peuples autochtones est en marche. Les 26 et 27 janvier, l’Assemblée de fondation de ce forum se tiendra à Ottawa. Autochtones et non-autochtones en feront partie. On parle d’une alliance, large, vaste… c’est maintenant !! Nous n’avons pas le droit de rater cette nouvelle opportunité de faire marche avec nos frères et soeurs autochtones.

À propos de Michel LAMBERT

Co-fondateur en 1994 puis Directeur général d’Alternatives entre 2007 et 2020, Michel Lambert fut Président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale de 2017 à 2020. Il a travaillé au rapprochement des groupes et organisations de la société civile, d’ici et d’ailleurs pour la promotion des principes de la démocratie, de l’égalité et de l’équité pour tous.

Il a tour à tour développé plusieurs des programmes de solidarité internationale d’Alternatives en plus de lancer et animer de multiples campagnes de justice sociale au Québec et au Canada. Il a dirigé l’antenne d’Alternatives en République démocratique du Congo entre 2002 et 2005 avant de prendre la direction de l’organisation en 2007.

Michel Lambert fut membre du Conseil de Gouvernance d’Alternatives International , du Conseil d’administration d’Alliance syndicats et tiers-monde. Il a aussi été membre des Conseils de l’AQOCI entre 2009 et 2013, de l’Association pour le progrès des communications (APC) entre 2008 et 2011 puis entre 2017 et 2020 et de Food Secure Canada entre 2009 et 2012

Il a représenté Alternatives au Conseil International du Forum social mondial et au sein de diverses coalitions québécoises et canadiennes dont notamment, les coalitions Pas de démocratie sans voix, Voices/voix. le Réseau québécois de l’intégration continentale - RQIC et plus récemment au comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique .

Michel Lambert a joué un important rôle de mobilisation et de construction lors du Forum social des peuples tenu à Ottawa en août 2014 .

En 2018, il confondait Cultiver Montréal, le réseau des agricultures montréalaises.

En 2020, il a contribué à la création du FISIQ, le Fonds d’investissement solidaire international du Québec.

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