« Nous avons un système [démocratique] où les personnes votent pour des partis, ou pour une personne dans un parti, mais nous n’avons pas de vrai pouvoir. La démocratie participative aide à rétablir la situation », affirme Matthew Adams, le cofondateur et agent de programme du Catalyst Center, un organisme sans but lucratif basé à Toronto qui fait de l’éducation populaire et de la recherche pour le changement social.
Rassemblés sous le slogan du Forum social mondial, « Un autre monde est possible », les citoyens, les organisations et les gouvernements municipaux ont créé plusieurs projets ayant pour but d’améliorer la santé démocratique au Canada.
Ces initiatives varient, allant de consultations publiques à différents programmes, comme ceux où les résidants participent aux prises de décisions quant aux projets à financer. C’est notamment le cas de la Toronto Community Housing Corporation.
En 2000, cette coopérative de logement est devenue la première en Amérique du Nord à mettre sur pied un budget participatif en réponse aux désirs exprimés par les locataires de bénéficier d’une plus grande autodétermination. Les 164 000 résidants de l’unité de logement ont maintenant leur mot à dire sur les dépenses annuelles de 10 millions de dollars.
Les différents édifices sont divisés en unités d’opération communautaires, dans lesquelles les locataires participent activement aux prises de décisions. Un représentant est élu au Conseil du budget, instance qui octroie le financement pour chaque unité.
Un budget participatif version canadienne
Comme les citoyens de Porto Alegre, les résidants de Guelph exercent un contrôle direct sur les projets de leur communauté et le budget municipal. Dans cette ville de 100 000 personnes, les membres de six associations de quartiers décident annuellement des projets et des programmes qui seront adoptés pour chaque partie de la ville, chacune recevant un budget d’environ 60 000 de dollars. Processus coordonné par la Coalition d’appui aux quartiers, toutes les décisions relatives aux projets sont prises par consensus.
Mais contrairement au modèle de Porto Alegre, où le maire et ses conseillers ont le dernier mot sur les projets qu’ils doivent approuver en bout de ligne, les conseillers municipaux de Guelph ne peuvent rejeter aucun des projets proposés et les budgets sont préapprouvés. Les projets en cours présentement incluent, entre autres, des cuisines collectives, des programmes de lecture et un service de consultation personnel et familial.
En parallèle, la ville est aussi impliquée dans le projet Smart Guelph, initié par les instances municipales, qui est basé sur un processus de consultation de 18 mois auprès des communautés. En tout, 1 200 résidants sont engagés. Les citoyens sont appelés à s’exprimer sur ce qu’ils valorisent dans leur ville et sur son développement futur. À partir des résultats, huit principes ont été énoncés comme étant les grandes lignes directrices guidant le développement de la ville.
Les projets et les programmes proposés sont évalués en fonction de ces principes par les conseillers municipaux. « Il y a un principe d’imputablité qui est en jeu parce que les conseillers doivent évaluer si le projet répond à six des huit principes », précise le conseiller en planification de la ville, Craig Manley.
Encouragés par les succès de la ville de Guelph, les Torontois s’organisent aussi pour créer un budget participatif qui permettrait aux résidants de décider de l’allocation de 10 % des finances municipales d’ici 2010. Un comité ad hoc a été formé en octobre 2001, le Toronto Participatory Budgeting Network, hébergé dans les locaux du Catalyst Center.
Plus près de nous, à la Ville de Québec, on mise plutôt sur les conseils de quartiers pour encourager la participation démocratique. À la suite des fusions municipales, cette structure unique au Québec a été adoptée, permettant au conseil municipal de consulter les citoyens avant de prendre des décisions sur des projets ayant des impacts sur l’environnement urbain et la qualité de vie. « La politique au niveau local a un potentiel important pour l’implication démocratique », affirme Matthew Adams. « Le principe de budget participatif nous intéresse comme moyen de promouvoir le dialogue et de créer des opportunités démocratiques pour les résidants. Et il est possible que ces initiatives servent de catalyseur afin de démocratiser des enjeux plus larges au niveau fédéral. »