Depuis des décennies, le monde entier est témoin de la violence du régime d’apartheid israélien contre la population civile palestinienne. B’Tselem 1 affirmait déjà en 2009 que durant les vingt dernières années, les forces armées israéliennes avaient tué 7398 Palestinien.ne.s dont 1537 mineurs. Selon le Tribunal Russell2, en 2008-2009, durant l’opération « Plomb durci », 50 tonnes de munitions sont tombées sur la population de Gaza ; et durant le seul été 2014, lors de l’opération « Bordure protectrice » ce sont 720 tonnes, soit deux tonnes par kilomètre carré, qui se sont abattues sur l’enclave palestinienne ! Ces bombes et obus ne sont pas tombés sur un terrain vague ni au milieu d’un désert mais sur des femmes, des hommes, des enfants, des civils innocents dans leur immense majorité.
Plus de 2,000 Palestinien.ne.s ont perdu la vie l’été de 2014. Plus de 11,231 Palestinien.ne.s furent gravement blessé-es et plus de 18,000 maisons détruites entièrement ou en partie. Des chiffres terribles, qui donnent froid dans le dos. Les images, quant à elles, sont choquantes, effroyables et souvent insoutenables. Les guerres d’Israël sont des actes d’agression et non d’auto-défense. Elles ne sont pas des cas isolés. Elles font partie d’une politique systématique de nettoyage ethnique, d’occupation, de colonisation et d’apartheid mise en place depuis la création de l’État d’Israël et dont l’objectif ultime demeure la disparition du peuple palestinien en tant que peuple.
Appel de la société palestinienne à faire taire les armes israéliennes
Parmi les moyens de résistance pacifique utilisés, la société civile palestinienne a déjà mis de l’avant depuis 2005, la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) pour obtenir le simple respect des droits fondamentaux du peuple palestinien basés sur le droit international : fin de l’occupation, fin de la colonisation, destruction du Mur, fin des politiques d’apartheid et respect du droit de retour des réfugiés palestiniens.
Dans la foulée des agressions meurtrières répétées de l’armée israélienne, le Comité national BDS palestinien3 lançait, en 2011, un appel à toute personne de bonne foi, aux différentes associations et organisations pour appuyer un embargo militaire complet contre Israël et faire pression sur les gouvernements, les organisations multilatérales, les Nations Unies, les institutions et les entreprises tant publiques que privées qui sont liés de près ou de loin avec l’armée israélienne. Cet embargo implique entre autres de faire cesser l’approvisionnement à Israël en armes, équipements, technologies, permis de fabrications d’armes ; l’importation par Israël d’équipements militaires ; la coopération militaire avec des universités dans des projets de formation et de recherche et développement ; la coopération pour la fabrication et le développement d’armes nucléaires dans le but de promouvoir un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires.
On se rappellera en effet qu’Israël occupe le 4e rang au monde pour ce qui est de l’exportation de matériel militaire.4 Plus encore, Israël possède l’armée la plus puissante au Moyen-Orient dont une force de frappe aérienne considérée comme la 2e plus puissante au monde. Elle est également la 11e armée la plus puissante du monde mais aussi la 4e formation militaire pour sa capacité opérationnelle et de mobilisation rapide sur le terrain. De plus, la technologie militaire israélienne est commercialisée avec le label « testé sur le terrain » (!). Mais testé sur qui ? Sur une population civile palestinienne traitée comme des cobayes ou des « rats de laboratoire » ! Toute cette quincaillerie militaire constitue un puissant obstacle à une paix juste fondée sur le respect du droit international. Il n’y aucune justification morale pour traiter ainsi les êtres humains. Pourtant des compagnies canadiennes et québécoises n’hésitent pas à faire « business as usual » avec ces compagnies israéliennes.
Le Canada et le Québec complices
Depuis 1997 en effet l’Accord de libre-échange entre le Canada et Israël 5 a éliminé les droits de douane sur les produits industriels et militaires. Cette collaboration n’a cessé de croître. Plus d’une cinquantaine de compagnies militaires, canadiennes et québécoises, sont impliquées dans la collaboration avec Israël6. La Coalition BDS-Québec, pour sa part, a initié une campagne d’embargo militaire contre Israël et identifié la compagnie CAE7 comme un des symboles de l’ensemble de cette industrie. Cette campagne interpelle également le Centre d’excellence des drones d’Alma qui a collaboré à la formation des « manipulateurs » israéliens de drones de la Cie Aeronautics Ltd. Elle invite les universités québécoises à cesser toute collaboration avec Israël dans leurs programmes de recherche et développement.
Le Canada a toujours maintenu un appui politique et diplomatique quasi inconditionnel à Israël, peu importe le parti au pouvoir. L’arrivée de Justin Trudeau au gouvernement n’a rien changé à la donne. Bien plus, il a appuyé une motion anti-BDS, violant ainsi le droit fondamental à la liberté d’expression et d’opinion. Il a choisi de dénoncer et de condamner ceux qui informent la population des crimes d’Israël et qui appuient la campagne BDS. Il maintient la vente d’armes aux régimes voyous, tel l’Arabie Saoudite et renforce sa coopération militaire avec Israël considérant, à tort, qu’elle constitue une force de stabilité et de paix au Moyen-Orient.
La réponse des sociétés civiles canadienne et québécoise, à de telles politiques est claire : mettre fin aux effusions de sang, en coupant l’approvisionnement en armes d’Israël via un embargo militaire jusqu’à ce que ce régime se plie au droit international et respecte les droits fondamentaux du peuple palestinien.
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1- B’Tselem Centre israélien d’information sur les droits humains en Territoires occupés www.btselem.org/statistics Communiqué de presse 22 novembre 2009
2- http://www.france-palestine.org/Pour-le-Tribunal-Russell-Israel
3- http://www.bdsmovement.net/2011/military-embargo-call-7497
4- Palestinian Civil Society Call for a Comprehensive Military Embargo of Israël. A working paper of the Palestinian BDS National Committee, July 2011 www.bdsmovement.net. Voir aussi le site israélien Who profits ? www.whoprofits.org qui documente à qui profite l’occupation israélienne.
5- http://www.international.gc.ca/trade-agreements-accords-commerciaux/agr-acc/israel/index.aspx?lang=fr
6- Coalition to Oppose the Arm Trade : httpwww.coat.ncf.ca en particulier le rapport Canadian Military Exports to Israël : Aiding and Abetting War Crimes in Gaza (2008-2009). Voir aussi l’article de Richard Sanders, coordonnateur de la COAT
7- Compagnie qui se définit comme chef de file mondial dans la fourniture de solutions de formation, basées sur des technologies de simulation. Son secteur « défense et sécurité » collabore depuis plusieurs années avec l’industrie militaire israélienne dont entre autres Elbit Systems, Aeronautics Ltd.Canadian Military Exports, War Crimes in Gaza and Ottawa’s Arms Bazaar