Élections 2006

Pour mémoire : Stephen Harper, les Etats-Unis et l’Irak

jeudi 15 décembre 2005, par Pierre Beaudet

En janvier 2003 quelques mois avant la guerre, Bush et son ami Tony Blair annonçaient avoir trouver des « preuves indubitables » que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive. Les Etats-Unis pressaient l’ONU d’appuyer leur guerre et voulaient aussi que les alliés traditionnels comme le Canada se rangent derrière eux.

Le débat à Ottawa

En mars, la guerre semblait imminente. Mais de toute évidence, le gouvernement libéral ne semblait pas disposé à embarquer dans l’aventure. Dans les débats à la chambre des communes, Joe Clark, le chef des conservateurs à l’époque, affirmait vouloir des preuves et attendre les résultats de l’enquête de l’émissaire spécial de l’ONU, Hans Blix. Le Bloc québécois et le NPD étaient du même avis. Seuls envers et contre tous, Stephen Harper et son collègue Stockwell Day dénonçaient le gouvernement Chrétien : « il n’y a pas de doute que Saddam Hussein produit des armes de destruction massive. C’est l’expérience qui confirme cela, et les services secrets américains et britanniques le confirment ».

Prendre parti

Pour Stephen Harper, Jean Chrétien n’avait pas le choix : « à la fin, il se joindra à cause de la nécessité d’agir. Mais il se joindra à la queue et tout le monde s’en apercevra ». Le 20 mars finalement, les Etats-Unis attaquaient l’Irak sans l’approbation du Canada et sans l’endossement de l’ONU. Le 28, Harper et Day signaient un commentaire dans le Wall Street Journal : « aujourd’hui le monde est en guerre. Une coalition dirigée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne s’apprête à désarmer Saddam Hussein. Mais le Premier Ministre Jean Chrétien a décidé de se tenir à l’extérieur de cette coalition multilatérale de nations. C’est une sérieuse erreur ». Plus tard interrogé par la chaîne Fox, Harper déclarait représenter la « majorité silencieuse » des Canadiens.

L’art de l’oubli

Lors de la campagne électorale de 2004, Harper a été interpellé sur ses positions pro-guerre. « Il fallait mettre de la pression sur Saddam pour qu’il accepte les résolutions de l’ONU » a-t-il déclaré. Quelques mois plus tard, les enquêtes des médias révélaient le mensonge des fameuses armes de destruction massive. Non seulement le tout fut orchestré par la Maison-Blanche, mais ceux qui osèrent contredire Bush, comme l’ex-ambassadeur Joseph Wilson, ont été durement pénalisés. Récemment, un des adjoints seniors du vice-président Dick Cheney, Lewis Libby, a été mis en accusation pour avoir menti à la Chambre des représentants. Bref, une gigantesque arnaque. Que dit Stephen Harper de tout cela aujourd’hui ? « J’espère que les États-Unis vont s’en tirer en Irak » disait-il lors d’un discours prononcé à la base militaire de Trenton le 13 décembre. « Sous mon leadership, le Canada va se concentrer en Afghanistan ».

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