Boquete, Panama.
Deux hommes de la réserve Ngöbe-Buglé ont été tués, une quarantaine blessée et plusieurs autres arrêtés par les forces policières panaméennes depuis le début des insurrections le 30 janvier dernier.
Malgré les multiples requêtes du peuple indigène Ngöbe-Buglé pour un dialogue au sujet des ressources naturelles, le gouvernement Martinelli a préféré utiliser la force pour évacuer les 5000 manifestants qui ont occupé à deux reprises la route panaméricaine au cours du mois de février dernier.
Ces 5000 manifestants proviennent majoritairement de la plus grande réserve indigène du Panama, les Ngöbe-Buglé, détenant un certain nombre de privilèges sur l’exploitation des terres ancestrales. Depuis plusieurs années, les 150 000 Buglés vivant au Panama font face à des pressions grandissantes de la part du gouvernement pour la construction d’un projet hydroélectrique d’envergure et divers projets miniers. D’importants groupes miniers canadiens, Corriente et Petaquilla Minerals notamment, ont une présence controversée sur une partie de ces terres protégées.
Les protestations actuelles concernent la réforme du code minier, lequel permettra la prospection de mines et la construction de barrages hydro-électriques sur les territoires de la réserve indigène. Lors de négociations antérieures, une Commission ad hoc de l’Assemblée nationale en concert avec les groupes indigènes avait convenu d’une nouvelle charte incorporant les demandes des peuples indigènes quant à la protection de leur territoire et de l’environnement. Or, le document présenté à l’Assemblée nationale au mois d’octobre dernier (Loi 415) ne contenait aucune section relative à la protection des terres indigènes face à l’exploitation minière ou la construction de barrages hydroélectriques. Les Ngöbe-Buglé demandent actuellement que cette section soit réinsérée à la Charte.
Alors que les manifestants menacent de reprendre la rue, il y a des préoccupations grandissantes quant à la liberté de presse au Panama. Le 20 janvier dernier, une journaliste canadienne, Rosie Simms, s’est vue refuser l’entrée aux frontières panaméennes. Cette dernière avait travaillé pour le compte du radiodiffuseur canadien CBS qui couvrait une histoire sur les sociétés minières canadiennes en Amérique latine.
La semaine passée, les représentants de l’ONU au Panama ont exhorté les deux dirigeants Ngöbe-Buglé et le gouvernement panaméen d’entamer « un dialogue pacifique » et « d’éviter la violence ». Bien que des pourparlers aient été initiés, le gouvernement Martinelli compte poursuivre les projets du barrage électrique Barro Blanco. Les Ngöbe-Buglé menacent d’occuper à nouveau l’autoroute panaméricaine si le gouvernement ne change pas sa position.