Coupures dans les programmes sociaux, hausse des frais aux usagers, déficit zéro... Nos dirigeants nous martèlent depuis plus d’une décennie que notre État vit au-dessus de ses moyens et que des sacrifices sont nécessaires pour renflouer nos finances publiques. Pourtant, sur le plan collectif, les Québécois n’ont jamais été aussi riches et productifs. « Où est donc passé tout l’argent ? », voilà la question à laquelle se proposent de répondre les douze membres d’ATTAC-Québec qui signent ce petit livre fort instructif, rédigé dans une langue claire et concise.
Si l’État manque d’argent, nous disent les auteurs, c’est que des intérêts privés se l’accaparent. Après un bref exposé sur la façon dont le néolibéralisme s’est imposé comme idéologie dominante depuis un quart de siècle, on nous entraîne « sur la piste de l’argent disparu ». Au premier rang des accusés : les paradis fiscaux, contre lesquels nos autorités refusent de sévir, et les nombreux modes d’évasion fiscale, licites et illicites, auxquels ont accès les entreprises et les nantis de notre société. Nos gouvernements acceptent ainsi de laisser des milliards de dollars échapper au fisc, obligeant les travailleurs, les classes moyennes et les pauvres à assumer une part toujours plus grande des revenus de l’État.
Des pistes de solution sont esquissées. Au Québec, ATTAC propose l’établissement d’un revenu de citoyenneté et d’une fiscalité plus progressive. Face à la réalité des marchés financiers globalisés et des problèmes environnementaux et sociaux mondiaux auxquels nous sommes confrontés, des mesures internationales sont également nécessaires. Diverses taxes internationales (sur les transactions financières, le transport aérien, les émissions de carbone...) sont donc proposées.
Ces idées ne sont pas utopiques. La France et une douzaine d’autres pays ont décidé de percevoir, dès cette année, une nouvelle taxe sur les billets d’avion qui financera des programmes de développement international. Qu’attendons-nous pour exiger que nos gouvernements emboîtent le pas et que les autres mesures proposées dans ce livre voient le jour ?