
Voilà le lecteur averti de ce qui l’attend pour les quelques heures qui vont suivre. Un récit poignant où se succèdent les cauchemars et les crises de lucidité et d’angoisse d’un homme écartelé entre l’Algérie et la France. Un homme déraciné dans son propre pays, l’Algérie, mangée, gangrenée par la spirale de la folie islamiste meurtrière de son peuple, et l’abandon suicidaire de tous jusqu’aux dirigeants. Un homme culpabilisant dans sa chambre de bonne à Paris, où il se sent peut-être davantage chez lui, finalement, tandis qu’il a laissé les autres derrière, occupés à s’entretuer.
Très bien écrit, merveilleusement imagé, Nuit afghane ne raconte pas l’Afghanistan comme nous aurions pu le croire, mais l’Algérie. C’est le récit de la peur terrible de l’égorgement, du massacre, la suspicion des voisins et de ces autres personnes que l’on croise ici et là, que l’on ne connaît pas, mais dont on se méfie. La peur quotidienne, les nuits entières passées à attendre que le jour se lève, à espérer que nos assassins arrivent enfin pour en finir au plus vite. Est-ce différent en Afghanistan ou en Algérie ?
Ce roman est aussi l’histoire d’un homme écartelé entre ses autres pays, les femmes de sa vie, à la recherche surtout de Tina qu’il voit ou croit voir imparfaitement à travers les suivantes. Une fuite intérieure sur fond de chaos algérien. À lire.
L’auteur, Mohammed Mokeddem, est un cinéaste-documentariste algérien, qui vit en exil à Paris depuis 1994.