Roman

Mémoire de porc-épic

Alain Mabanckou, Paris, ditions du Seuil, 2006, 236 pages.

jeudi 2 novembre 2006, par France-Isabelle LANGLOIS

C’est surtout avec Verre cassé (Seuil, 2005), qui a reçu le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs, le prix des cinq continents de la francophonie et le prix RFO du livre en 2005, qu’Alain Mabanckou, l’auteur francophone d’origine congolaise qui vit et enseigne aux États-Unis, tout en publiant ses livres à Paris, s’est fait connaître au Québec. Depuis, il est passé par Montréal et Québec trois ou quatre fois. Il était parmi nous il n’y a pas si longtemps encore, alors que venait de paraître son dernier roman en France et au Québec, Mémoire de porc-épic.

Le sympathique auteur déjanté revient de nouveau à la charge avec un roman a mi-chemin entre le conte et la fable. À la sauce africaine bien entendu, mais de là à dire de quelle Afrique il s’agit... Comme pour Verre cassé ou African Psycho avant, ce pourrait être n’importe où en Afrique, au cœur des légendes, des cancans et autres histoires à dormir debout. Ici, c’est l’histoire de... d’un porc-épic qui se rappelle et raconte le récit de sa vie à son ami attentif et prévenant, son ami le baobab.

Le porc-épic en question se trouve à être le double et, de fait, un peu le prisonnier, voire l’esclave d’un jeune homme devenu voyou à l’âge adulte. Or voici que ce dernier vient de passer l’arme à gauche, et que monsieur le porc-épic se vide le cœur, racontant ses tourments et angoisses passés et présents. Car qu’adviendra-t-il de lui maintenant ?

Au commencement est la légende magique de l’ethnie des Bembé. Une légende selon laquelle les hommes possèdent chacun un double animal, soit pacifique, soit nuisible. Notre ami, petite bête courte sur patte et petite boule épineuse, appartient à la deuxième catégorie. Son maître, un certain Kibandi se sert de lui pour exécuter de nombreuses basses besognes, comprendre ici des meurtres sanglants.

Dans un style poétique et ironique qui lui est propre, Alain Mabanckou nous entraîne une fois de plus au pays des questions identitaires oừ le Mal et le Bien se livrent un combat intense sans qu’il n’y ait jamais de réel vainqueur. Et comme à son habitude, l’original boude le point et la majuscule, totalement absents l’un et l’autre, en plus de 200 pages. Les virgules y sont toutefois abondantes, le tout donnant une tonalité proche de l’oralité. Le rythme est un peu lent en début de lecture, mais lorsqu’on amorce la deuxième moitié du livre, on ne peut plus s’arrêter. On avait légèrement préféré Verre cassé, mais on est loin de s’être ennuyée avec Mémoire de porc-épic.

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