Plus d’une centaine de personnes se sont regroupées ce lundi à Montréal pour dénoncer l’orientation prise par le gouvernement fédéral dans le dossier de l’aide internationale canadienne.
Le rassemblement avait lieu devant l’hôtel Château Champlain alors que le ministre du Commerce international, Ed Fast, y tenait un déjeuner-causerie sur la stratégie commerciale du Canada sur les marchés mondiaux.
C’est l’Association québécoise des organismes de coopération internationale qui avait appelé à manifester et la majorité des personnes ayant répondu à l’appel était issue des organismes de solidarité internationale et des milieux syndicaux.
Une fusion controversée
Tous ont dénoncé le virage commercial que le gouvernement conservateur a imposé dans le milieu en incorporant l’Agence canadienne de développement international (ACDI) au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. « Business et coopération internationale, ce n’est pas un bon mélange », affirme Danielle Casara, présidente du Conseil régional de la FTQ du Montréal métropolitain. Pour les militants présents, il s’agit d’un détournement des fonds dédiés à l’aide internationale.
Depuis ce changement de cap annoncé en mars 2013, les organismes de solidarité internationale disent subir des réductions ou même des suppressions de financement de la part du fédéral.
Marco Labrie, directeur du Carrefour de solidarité internationale de Sherbrooke, témoigne de cette situation, son organisme s’étant vu retirer complètement le financement provenant de l’ACDI en 2012. « Cet arrêt de financement est assez inexplicable parce que toutes les évaluations demandées par l’ACDI au fil des ans ont souligné la pertinence de notre travail et l’excellence des résultats. On nous disait qu’on était un modèle à reproduire au Canada » explique-t-il.
Les priorités changent...
Jean Lacharité, deuxième vice-président de la CSN, voit d’un mauvais oeil les nouveaux bénéficiaires de ces fonds : « Ils financent même des minières canadiennes et des ONG confessionnelles avec les budgets de l’ACDI », s’insurge-t-il.
Marco Labrie et les manifestants présents déclarent le gouvernement « hors-la-loi » puisqu’il ne « respecte pas sa propre loi en matière d’aide au développement, qui stipule notamment que celle-ci doit contribuer à la réduction de la pauvreté, tenir compte du point de vue des pauvres et répondre aux normes internationale en matière de droits de la personne ».
Le gouvernement Harper est aussi accusé d’avoir rompu le dialogue avec les organismes d’aide au développement, même si le ministre responsable se doit de les consulter « aux deux ans » et de « tenir compte de leurs recommandations » d’après cette même loi, avance Marco Labrie. « Coupure du financement, coupure du dialogue », a résumé Jean Lacharité pour expliquer l’attitude du fédéral à l’égard des organismes de coopération internationale..
L’AQSI naîtra-t-elle enfin ?
Toutes ces critiques font resurgir une option alternative souvent exprimée depuis la fusion de l’ACDI : la mise sur pied d’une agence québécoise de solidarité internationale. C’est le point qu’à soulever Pierre Jobin, vice-président de la CSQ, en disant vouloir « une organisation qui serait capable d’agir selon nos valeurs ». Le gouvernement Marois s’est déjà montré favorable à la création de cette nouvelle agence. Une consultation publique sur le sujet s’est d’ailleurs terminée en décembre, mais la suite du projet se fait toujours attendre.