Une escouade théâtrale ? C’est avec un sourire dans la voix qu’Alexia Burger livre cette anecdote évocatrice : « Juste avant Noël, l’an dernier, nous avions décidé de dénoncer la surconsommation. Nous nous étions maquillés de sorte à avoir l’air épuisé, les traits tirés, et nous nous promenions devant le centre Eaton du centre-ville, comme des zombies, cartes de crédit à la main ». Mission accomplie : certains consommateurs ont renoncé à poursuivre leur magasinage excessif et, dans un élan de réflexion, ont sagement regagné leur demeure.
C’est ainsi qu’Alexia Burger a jumelé sa passion du théâtre à son besoin d’engagement social. L’an dernier, la jeune femme, fraîchement diplômée de l’option théâtre du Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse, a répondu à la petite annonce qui l’a menée sur le chemin de sa vocation. « J’avais vu dans le journal que le Carrefour canadien international [CCI] cherchait de jeunes artistes pour animer et diriger des capsules théâtrales sur la mondialisation, présentées un peu partout dans les rues. Cette idée m’a emballée ! » confie-t-elle d’une voix enjouée.
Cette action, pour le moins originale, est pilotée par l’Unité théâtrale d’intervention loufoque (UTIL). Mis sur pied il y a près d’un an par le CCI, ce regroupement vaque à envoyer incognito des troupes de comédiens dans des lieux publics afin qu’ils puissent répandre un message à connotation sociale. « Chaque groupe prépare une capsule sur un sujet précis. Présentement, ma troupe et moi répétons une scène sur le traitement médiatique de la guerre en Irak. Nous présentons notre numéro, puis distribuons des tracts pour sensibiliser les gens à la situation pétrolière » explique Alexia. Les autres groupes, eux, développent une prise de parole sur la ZLÉA, les OGM, etc.
Ainsi, chaque semaine depuis la mi-mai, les comédiens d’UTIL investissent les parcs, la rue ou le métro afin de laisser éclater leur art revendicateur. « Mais nous ne nous annonçons pas afin de profiter au maximum de l’effet de surprise », révèle Alexia. Justement, cette commotion assénée au public peut-elle jouer contre eux ? « Je suis toujours surprise de constater à quel point les gens sont réceptifs. Ils posent beaucoup de questions et lisent attentivement les tracts que l’on distribue. »
Alexia conclut, avant de retourner à la répétition : « Ce qui me tient le plus à cœur dans tout ça, c’est de voir que l’on parvient à éveiller les gens quant à la mécanique économique qui prévaut actuellement. »
Annie Richer, journal Alternatives