
Lettre à ma fille qui veut porter le voile est un docu-fiction de la journaliste Leïla Djitli écrit avec la collaboration de Sophie Troubac. Forte de son expérience d’observatrice sur le terrain des banlieues françaises, terreau de la petite délinquance qui mène parfois au monde du crime, et terreau surtout des islamistes qui y recrutent une jeunesse désespérée, victime de l’exclusion sociale et économique.
C’est ainsi que sous la pression des imams et des jeunes garçons en mal d’identité et de pouvoir, plusieurs jeunes filles en arrivent à porter le voile. Pas toujours sous la menace, mais en raison d’une pression latente qu’elles ne peuvent décoder. Souvent naïvement, elles sont convaincues qu’il s’agit là de leur propre choix.
On peut imaginer le choc que cela peut procurer à une mère, elle-même issue de l’immigration maghrébine et musulmane, qui n’a jamais porté le voile, parce que sa propre mère et parfois sa grand-mère se sont battues pour cela. C’est là un scénario qui est loin d’être banal, bien loin de représenter un cas isolé.
C’est donc le point de départ de ce petit livre très touchant, très ébranlant. Une mère écrit à sa fille les pourquoi de son opposition à la revendication de cette dernière : son droit de porter le voile si elle le désire. Tout au long des pages, elle lui explique d’où elle vient, par quoi et par où sont passées les femmes de sa famille avant elles. Elle lui explique, avec les mots d’une mère, comment la liberté et l’identité dont elle se réclame ne passent pas par le voile. Elle reprend un à un les arguments de l’adolescente, les analyse et démontre comment ils sont truffés d’amalgames, de sophismes et de dogmatisme.
C’est jusqu’à ce jour, ce qu’il nous a été donné de mieux en termes d’argumentation, nourrissant un certain espoir que cela puisse réellement aider quelques jeunes filles à faire leur « choix ». Mais on imagine aisément qu’entre nous et celles-ci, il y a tout un monde de réalités, de croyances et de certitudes.