Dossier femmes

Les inégalités sociales : une question de vie ou de mort

jeudi 26 février 2009, par Emmanuel Martinez

Selon Monique Bégin, il est clair que pour améliorer la santé des Canadiens, il faut s’attaquer aux problèmes de la pauvreté, du revenu, du logement et de l’éducation. Ministre libérale de la Santé au fédéral entre 1977 et 1984, mère de la Loi canadienne sur la santé (1984), elle souligne que « le système de santé est très centré sur l’aspect curatif. Mais le système n’est qu’un déterminant de la santé. Il est grand temps qu’on élargisse ce qui produit la santé. Le système médecins-hôpitaux ne crée pas la santé, il la restaure ».

Professeure émérite en Science de la santé de l’Université d’Ottawa, Mme Bégin promeut donc des mesures pour améliorer ce qu’elle appelle les «  déterminants sociaux de la santé », c’est-à-dire les facteurs qui font qu’une personne soit saine ou malade. Celle qui a collaboré à un important rapport publié l’an dernier à ce sujet pour l’Organisation mondiale de la santé affirme que «  les liens entre la pauvreté ou le chômage avec la santé sont clairement établis ». En conséquence, les gouvernements devraient, par exemple, investir davantage en développement de la petite enfance ou dans le logement social : «  Nous avons des poches de pauvreté urbaine abominables au pays. C’est très choquant. La pauvreté est devenue chez nous invisible, à part les sans-abris », insiste cette femme qui a fait partie du premier groupe de Québécoises élues au fédéral en 1972.

Confrontée à l’inertie de la classe politique, Monique Bégin tente de faire bouger les choses en s’adressant notamment à ceux qui travaillent dans le réseau de la santé : « La majorité sont des femmes assez jeunes. Elles travaillent dans des CLSC, des ministères. Elles sont toutes pour les déterminants sociaux, mais elles n’agissent pas. Et là, je me demande comment les faire agir. J’ai vu les choses changer, comme en ce qui concerne le statut de la femme. Donc je suis certaine que c’est faisable. » Celle qui s’est toujours décrite comme une féministe voudrait que des groupes de femmes mènent le bal. Mais elle constate que «  les femmes ne s’occupent pas beaucoup de ça. Les personnes âgées pourraient, mais elles sont complètement démobilisées. » Selon Monique Bégin, « il faut que les groupes sociaux sortent de leur champ d’expertise, comme ce fut le cas pour l’adoption de la loi antipauvreté au Québec ».

Malgré tout, la septuagénaire demeure optimiste : « Je suis idéaliste. Je suis comme ça ! », dit-elle en riant. Voilà au moins une bonne façon de rester en santé !

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