Ainsi, ce sont les Brésiliens, qui les premiers, mettent de l’avant l’une des principales résolutions de la Déclaration finale du Sommet des peuples des Amériques tenu à Québec en avril 2001, lors du Sommet des chefs d’État des Amériques qui se sont réunis pour faire avancer les négociations de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). En effet, l’un des consensus dégagés parmi les quelques milliers de participants du Sommet des peuples fut la nécessité d’organiser une large consultation populaire à propos de l’implantation ou non d’un traité qui représente ni plus ni moins qu’un ALÉNA élargi aux 34 pays du continent.
Au Brésil, la consultation a été convoquée et organisée par des organisations paysannes, des syndicats, des ONG, des organisations communautaires, environnementales ainsi que des communautés de base de l’Église catholique.
Ce sont très exactement 10 149 964 Brésiliens et Brésiliennes qui ont participé à ce référendum connu aussi comme la Consulta popular. En réponse à la question : « Le gouvernement brésilien doit-il signer le traité de la ZLÉA ? », 98 % des gens se sont prononcés contre. Une autre question traitant de l’utilisation par les États-Unis d’une base militaire (base militaire d’Alcantara), située près de l’Amazonie, a aussi fait l’objet de la consultation. Pour les organisateurs, ces questions se rapportent au thème constitutionnel de la souveraineté du Brésil. La ZLÉA cherche à s’édifier sur la base d’un traité dont la force serait supérieure à celle des constitutions des pays signataires. En cela, la participation aux négociations prend la forme d’un acte anticonstitutionnel.
Le plébiscite national sur la ZLÉA et sur la base militaire d’Alcantara s’est déroulé dans les 27 États du Brésil, totalisant près de 4 000 municipalités, et a pu compter sur la participation de plus de 150 000 volontaires en provenance de centaines d’organisations populaires, de mouvements sociaux de la ville et de la campagne, d’Églises, de syndicats, de groupes étudiants, de mouvements de femmes, d’associations professionnelles, d’ONG et de partis politiques. Depuis le début de cette année, un nombre incalculable de débats publics sur le contenu de la ZLÉA et sur la base militaire se sont tenus dans l’ensemble du pays et les citoyens ont été invités à se prononcer librement dans le cadre d’une consultation qui s’est déroulée en même temps que la campagne électorale présidentielle au Brésil.
Ce n’est pas la première fois que les citoyens se prononcent ainsi. En 2000, la même constellation de forces sociales, coordonnées par la Campagne Jubilé Sud au Brésil, a organisé le plébiscite sur la dette extérieure. Plus de 6 millions de votants y ont exprimé leur volonté de libérer la nation du jeu des dettes extérieures et intérieures ainsi que des ajustements imposés par le FMI, qui ne sont en fait que des obstacles au développement réel du Brésil. La participation au référendum sur la ZLÉA a dépassé de 4 millions le vote exprimé deux années auparavant lors de cette consultation sur la dette extérieure.
Pour les organisateurs, les résultats de cette consultation populaire sur la ZLÉA et sur la base militaire américaine « révèlent la plus profonde aspiration de la société brésilienne à la construction d’une nation véritablement libre et souveraine, dans laquelle le peuple soit maître de son destin. Une nation où il n’y ait ni exclusion sociale, ni injustice, ni faim, ni misère. Une nation capable de promouvoir une intégration, fondée sur le respect de la diversité culturelle et la souveraineté des pays membres, dans l’équité des relations commerciales et dans la solidarité entre les peuples. La société brésilienne refuse le projet des États-Unis de recolonisation économique, commerciale et militaire, et aspire à un projet de développement qui lui soit propre. »
Au Québec
Au Québec, de nombreuses organisations regroupées au sein du Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC) se préparent aussi à la tenue d’une consulta popular sur la ZLÉA dans les prochains mois. Le lancement officiel du référendum populaire québécois sur la ZLÉA aura lieu le 30 octobre prochain dans le cadre d’un grand rassemblement public à Montréal. À suivre...