Le temps est venu de tenir un Forum social mondial pour la solidarité avec la Palestine !

vendredi 5 novembre 2010, par Michel LAMBERT

Le temps est venu de tenir un Forum social mondial pour la solidarité avec la Palestine ! C’est sous les applaudissements enthousiastes suscités par cet appel sans précédent que c’est clos le Forum mondial pour l’éducation en Palestine le 31 octobre 2010 à Ramallah.

Durant les 3 jours précédent cet appel historique, malgré la grève impliquant des centaines d’enseignants du secteur public et des services des Nations-Unies, des milliers de Palestiniens, jeunes et vieux, et plus de 500 participants internationaux se sont retrouvés dans une dizaine de villes palestiniennes et israéliennes pour discuter des grands enjeux entourant l’éducation. De Gaza à Jérusalem, de Hebron à Bethléem, à Tulkarem, à Jenin, à Nablouse, à Haifat, Nazareth, et plus encore (1). Des milliers – les premières estimations parlant de plus de 20000 personnes !! - se sont levée pour clamer haut et fort le droit à l’éducation pour tous et pour toutes, l’éducation pour le changement, l’éducation pour la libération !

Le début et non la fin !

Lors de la plénière finale, les participants à Ramallah ont proposé diverses activités qui pourront assurer la continuité du processus entamé en Palestine pour les années à venir. Un large mouvement associant plusieurs des divers secteurs formels et informels sur l’éducation en Palestine et dans la grande région Maghreb/Mashrek est en gestation. Les débats palestiniens seront aussi rapporté à Dakar pour le grand rendez-vous biannuel altermondialiste : le Forum Social Mondial. Et c’est justement lors de cette prochaine rencontre prévue pour février 2011 que la proposition finale de la tenue du Forum social mondial sur la solidarité avec la Palestine sera amenée pour être débattue au sein du Conseil international.

Un mouvement mondial en croissance pour les droits des palestiniens

Depuis quelques années, des campagnes citoyennes initialement palestiniennes puis rapidement mondiales, ont mobilisé des milliers d’organisations sociales et des individus partout à travers le globe. Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) envers Israël, Stop the wall, la lutte légale du village de Bil’in, les activités des Semaines contre l’Apartheid Israélien et plus récemment la série de Flottilles humanitaires pour briser le siège à Gaza sont parmi les plus connues. Les points marqués par ces campagnes sont immenses déjà. À l’échelle internationales, des dizaines de syndicats ont déjà entériné la campagne BDS et les retombées politiques de ces choix sont grandioses comme l’a fait remarqué Stephen Faulkner du COSATU (Congress of South African Trade Unions) lors de la soirée d’ouverture de la première conférence BDS tenue à l’UQAM (la première à Montréal et la première au Canada !) les 22, 23 et 24 octobre dernier. De plus en plus d’organisations sociales et politiques choisissent aussi de prendre position en faveur de cette campagne qui a déjà quelques sérieux impacts commerciaux (on se rappellera de la campagne contre le projet de train à Jérusalem qui a encouragé une banque néerlandaise, l’ASN, a retirer ses investissements en 2006) en plus d’éduquer et de mobiliser de plus en plus de gens sur la situation des palestiniens en Israël et dans les territoires occupés.

L’empire contre attaque !

De plus, ces campagnes citoyennes mobilisatrices qui ont déjà largement ternie l’image de « victime » qu’Israël impose depuis des dizaines d’années ne sont pas l’unique problème du lobby Sioniste international qui est notamment basé aux États-Unis. En juin 2010, Le New York Review of Books publiait un article écrit par Peter Beinart qui a fait beaucoup de bruit car il faisant valoir que les opinions de la nouvelle génération de juifs basés aux États-Unis étaient en train de changer. À l’ère du Web 2.0, de l’individualisme et de la dépolitisation, ces jeunes verraient de moins en moins la situation au Moyen-Orient par le prisme unique imposés par leurs pères et seraient de moins en moins enclin à agir en supporters inconditionnels des politiques d’occupation d’Israël. Dans ce contexte, le temps qui jusqu’à présent jouait en faveur d’Israël, pourrait soudainement devenir son pire ennemi !

C’est donc dans ce cadre qu’il faut comprendre la radicalisation que cherche à imposer les tenant de la théorie du nouvel antisémitisme. À Ottawa, du 7 au 9 novembre le Canada se fera l’hôte de la Conférence de 2010 contre l’antisémitisme qui sera organisée par la Coalition interparlementaire de lutte contre l’antisémitisme (CILA), en collaboration avec le gouvernement du Canada qui y a injecté autour d’un demi million de dollars. Les parlementaires de tous les pays réunis évoqueront la « nécessaire » criminalisation de la solidarité exprimée par des campagnes citoyennes comme celle du BDS ou encore de la semaine contre l’Apartheid Israélien. Tout cela n’est ni un hasard ni improbable au Canada. On se rappellera que l’an dernier, l’Assemblée législative de l’Ontario adoptait unanimement une résolution présentée par le conservateur Peter Shure dénonçant la semaine contre l’apartheid Israélien ! Le texte de la résolution précisait que désigner Israël comme étant un État d’apartheid était « proche du discours haineux » et donc une expression d’antisémitisme ! Les coupures à plusieurs organisations canadiennes l’an dernier avaient aussi été justifiées par le support de ces organisations à la campagne internationale du BDS.

Regrouper les mouvements dans une nouvelle expression de leur solidarité envers la cause palestinienne

Dans ce contexte, plus que jamais, le Forum Social mondial pour la solidarité avec la Palestine apparaît comme un incontournable. Il permettra la réflexion stratégique la plus large jamais réalisée sur le mouvement de solidarité de même la construction de nouvelles alliances et projets qui nous permettront d’être mieux positionnés pour répondre à cette nouvelle offensive. La Palestine est l’épicentre d’un arc de crises qui secoue le monde bien au delà de son espace géographique. il est temps pour tout le monde altermondialiste de remettre la solidarité avec la Palestine au cœur et au centre de nos luttes.


Le Forum ne s’est pas arrêté qu’en Palestine. Des activités se sont tenues partout sur la planète ; Israël, Sénégal, Mexique, Liban, etc… une vingtaine de pays ont pris le train du Forum Mondial pour l’éducation et le bilan reste encore à terminer.

À propos de Michel LAMBERT

Co-fondateur en 1994 puis Directeur général d’Alternatives entre 2007 et 2020, Michel Lambert fut Président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale de 2017 à 2020. Il a travaillé au rapprochement des groupes et organisations de la société civile, d’ici et d’ailleurs pour la promotion des principes de la démocratie, de l’égalité et de l’équité pour tous.

Il a tour à tour développé plusieurs des programmes de solidarité internationale d’Alternatives en plus de lancer et animer de multiples campagnes de justice sociale au Québec et au Canada. Il a dirigé l’antenne d’Alternatives en République démocratique du Congo entre 2002 et 2005 avant de prendre la direction de l’organisation en 2007.

Michel Lambert fut membre du Conseil de Gouvernance d’Alternatives International , du Conseil d’administration d’Alliance syndicats et tiers-monde. Il a aussi été membre des Conseils de l’AQOCI entre 2009 et 2013, de l’Association pour le progrès des communications (APC) entre 2008 et 2011 puis entre 2017 et 2020 et de Food Secure Canada entre 2009 et 2012

Il a représenté Alternatives au Conseil International du Forum social mondial et au sein de diverses coalitions québécoises et canadiennes dont notamment, les coalitions Pas de démocratie sans voix, Voices/voix. le Réseau québécois de l’intégration continentale - RQIC et plus récemment au comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique .

Michel Lambert a joué un important rôle de mobilisation et de construction lors du Forum social des peuples tenu à Ottawa en août 2014 .

En 2018, il confondait Cultiver Montréal, le réseau des agricultures montréalaises.

En 2020, il a contribué à la création du FISIQ, le Fonds d’investissement solidaire international du Québec.

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