En Amérique latine, la victoire du Parti des travailleurs de même que l’élection d’Eduardo Guttierez en Équateur ont produit une vague d’espoir qu’on pouvait palper. La gauche, les syndicats, le mouvement associatif sont revigorés, renforcés par ces bouleversements politiques. Habitués à l’opposition, sinon à la clandestinité, les militants pensent que les succès brésiliens donneront une nouvelle vigueur aux forces démocratiques du continent.
Quant aux délégués canadiens et québécois au FSM, ils sont aux prises avec des responsabilités urgentes. S’ils sont convaincus qu’il faut poursuivre l’action chez nous dans l’esprit du FSM, ils font face à un défi exigeant. Après la mobilisation altermondialiste, après l’analyse et la sensibilisation, il s’agit maintenant d’entrer dans l’ère de la construction d’une société alternative et solidaire.
Et cela ne peut se faire qu’à travers l’action politique.
L’exemple brésilien et l’ensemble des analyses et des discussions des trois derniers FSM tracent une voie, si nous sommes logiques avec notre présence ici, dans laquelle il faut nous engager. L’annonce par les ONG canadiennes et québécoises de la mise sur pied d’un Forum social Canada-Québec est un pas dans la bonne direction. Au Québec, il faut multiplier les forums dans chaque région et faire en sorte qu’ils deviennent les creusets de vastes alliances permanentes entre toutes les forces progressives locales.
De manière générale, il est de plus en plus évident que l’action morcelée des syndicats, des groupes populaires et des ONG ne mène toujours qu’à des victoires ponctuelles et fragiles. Ce qu’il faut retenir de Porto Alegre, c’est que le changement et la démocratie ne peuvent naître que de larges coalitions citoyennes fondées sur un programme de revendications communes inspirées de ce qui unit la société et non pas de ce qui la divise.
Maintenant que nous savons que la construction d’un autre monde, d’une autre politique est possible, nous nous lançons dans l’édification d’une alternative à la politique traditionnelle ou en toute logique, nous cessons de venir fêter la solidarité à Porto Alegre.
Gil Courtemanche, journal Alternatives