Le monde selon Monsanto
Marie-Monique Robin, Stanké, 2008, 377 pages.
Avec plus de 80 000 exemplaires du livre vendus en France, l’enquête de Marie-Monique Robin sur le premier semencier du monde est un sujet qui interpelle bien des gens. Le documentaire du même nom qu’elle a réalisé est sorti en salle en mai au Québec. Fruit d’une enquête de trois ans qui a conduit Robin en Amérique du Nord et du Sud, en Europe et en Asie, ce livre et ce film, s’appuyant sur des documents inédits et de nombreux témoignages, retracent l’histoire mal connue de cette entreprise américaine née il y a plus d’un siècle.
Leader mondial du marché des organismes génétiquement modifiés (plus de 90 % des OGM sur la planète lui appartiennent), Monsanto est aussi l’une des entreprises les plus controversées de l’histoire contemporaine. Avant d’être le plus grand semencier du monde, Monsanto était le plus grand producteur de produits chimiques. Production de BPC, de polystyrène, d’herbicides meurtriers (comme l’agent orange utilisé par l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam) ou d’hormones de croissance bovine et laitière (interdites en Europe) ; ceci n’est qu’un bref aperçu des activités de Monsanto. Depuis sa création, la firme a connu plusieurs procès en raison de la toxicité de ses produits et son histoire regorge d’épisodes troublants ; pressions indues, rapports mensongers, tentatives de corruption des agences de réglementation, intimidation de petits paysans…
Aujourd’hui, avec ses OGM qui n’ont jamais été testés, Monsanto affirme vouloir résoudre le problème de la faim tout en préservant l’environnement. Qu’en est-il exactement ? Peut-on vraiment croire en ses nobles intentions ? Quels sont les objectifs de cette entreprise qui, après avoir longtemps négligé les impacts écologiques et humains de ses activités, dit se consacrer aux sciences de la vie ? Monsanto ne consolide-t-il pas plutôt son emprise sur le marché des semences, au mépris de l’écologie planétaire et de la sécurité alimentaire ?