
Chaque jour, 100 000 individus meurent de faim alors que 826 millions souffrent de malnutrition. Ironie du sort, la force de production agricole de la planète pourrait nourrir 12 milliards de personnes, soit le double de la population mondiale.
Assurer aux êtres humains le droit à l’alimentation est une responsabilité primaire à laquelle doit souscrire d’urgence la communauté internationale. Les pays riches et leurs institutions internationales doivent se concerter et assurer aux affamés l’accès à une nourriture décente sur une base régulière. Voilà l’essentiel de cet ouvrage qui reprend intégralement deux rapports défendus par l’auteur Jean Ziegler, rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation aux Nations unies, devant les instances onusiennes en 2001 et 2002. Après Les Nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent, Ziegler persiste et signe.
Il faut d’emblée saluer le courage de l’auteur qui, dans son excellente introduction, dénonce une réalité cruelle et révoltante avec un franc parler hors du commun. Même si la lecture des deux rapports peut s’avérer lourde et pénible, le lecteur saura se montrer indulgent vis-à-vis d’un langage protocolaire, typique de « la prudence diplomatique qui caractérise tous documents des Nations unies ». Sans quoi, écrit l’auteur, « ou bien un rapporteur parle ce langage-là, ou il est réduit au silence, donc à l’impuissance ».
LE DROIT À L’ALIMENTATION, Jean Ziegler, Paris, Éditions Mille et une nuits, 2003, 228 pages.
Danny Raymond, collaboration spéciale