Sommet de la Terre :

Le défi américain

dimanche 1er septembre 2002, par Gil COURTEMANCHE

En snobant le Sommet de la Terre, George Bush, président du pays le plus pollueur de la planète, confirme le défi que ne cessent de lancer les États-Unis au reste du monde depuis le 11 septembre : « Personne ne peut nous empêcher de faire ce que nous voulons, quand nous le voulons et comme nous le voulons. La planète nous appartient. »

Cela signifie en clair : « Tous vous croyez que les inondations récentes en Europe et en Chine qui ont fait des centaines de morts sont dues en partie au réchauffement de la planète. On le sait aussi bien que vous, mais on s’en fout. Les fermiers canadiens acculés à la faillite par la pire sécheresse de l’histoire pensent la même chose. On le sait et on s’en fout. Nous pourrons en profiter en augmentant nos subventions à nos agriculteurs pour augmenter nos parts de marché.

 » La plupart des pays du monde croient que les mines anti-personnelle constituent des armes inhumaines qui ne tuent que des civils. Vous avez raison, mais on s’en fout parce que nous en fabriquons énormément et que nous en aurons peut-être besoin dans notre guerre pour sauver la civilisation occidentale. Les mêmes pays croient que la mise sur pied d’une Cour internationale de justice constitue un pas fondamental vers une plus grande justice dans le monde. Ils ont raison, mais comme les citoyens de l’Amérique sont au-dessus de la loi internationale, nous refusons de participer à cette Cour.

 » Nous croyons comme vous que le développement et la prospérité proviennent de l’ouverture équitable des marchés. Cependant, nous allons rendre impossible la vente dans notre marché du bois canadien, de l’acier européen, des bananes africaines, du sucre des Caraïbes, des tissus du sous-continent indien. Cela va empêcher le tiers-monde de se développer. On le sait, mais on s’en fout.

 » Tout le monde, même nos meilleurs amis croient qu’une guerre contre l’Irak relève de l’inconscience criminelle, qu’elle pourrait embraser le Moyen-Orient, mettre en danger Israël, notre meilleur ami. On le sait, mais on s’en fout. Et nous ferons cette guerre si ça nous chante. »

Il faut être aveugle, sourd et de mauvaise foi pour ne pas entendre ce message d’une insoutenable arrogance et d’un cynisme criminel. Le Canada a été à l’avant-garde dans la lutte contre les mines anti-personnelle, pour la Cour internationale de justice ou du développement durable. Le Canada voit son industrie forestière déchiquetée littéralement et ses fermiers acculés à la faillite par le défi américain. Et Jean Chrétien nous parle encore de " son ami Bush " et des États-Unis " notre allié le plus fidèle ".

Gil Courtemanche, billetiste, journal Alternatives.


L’auteur est également chroniqueur au Devoir et écrivain.

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