
Avec son nouveau livre, John Madeley présente une conséquence majeure mais souvent oubliée de la mondialisation : l’insécurité alimentaire. Il précise que la sécurité alimentaire, soit l’assurance de pouvoir se nourrir de façon régulière et suffisante, est loin d’être une réalité pour tous. En effet, plus de 790 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à ce droit, et ce, pour différentes raisons. L’auteur identifie principalement la pauvreté, l’appauvrissement des sols, les conditions climatiques ainsi que l’impossibilité pour les États du Sud de décider du type de production agricole et du marché auquel celle-ci est destinée. On peut résumer ce dernier concept par l’idée de « souveraineté alimentaire ».
L’ex-rédacteur du International Agriculture Development plaide la réappropriation, par les populations et gouvernements locaux, du droit de se nourrir. Ce droit est actuellement tributaire des règles du commerce international dictées par les instances internationales comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI). Chiffres à l’appui, John Madeley démontre que le problème de la faim n’est pas un problème de production mais bien de distribution et d’accès aux denrées alimentaires. Selon lui, l’intensification du commerce de même que l’utilisation de la biotechnologie et des OGM ne sont pas les solutions du problème.
Au contraire, la solution semble passer par une action au niveau local. Citant en exemple les réussites de nombreux projets aux quatre coins du globe, Madeley fait état d’expériences minimisant les extrants et utilisant des méthodes de culture agro-écologique. Il prône ainsi la propagation de la permaculture, la réduction de l’utilisation des pesticides et le développement du commerce équitable.
Le Commerce de la faim est un ouvrage brillant. Clair, bien structuré et démystifiant de nombreux concepts, ce livre se lit comme un roman. John Mandeley, excellent vulgarisateur, utilise habilement de nombreuses statistiques afin de bien expliquer divers enjeux sans pour autant assommer son lecteur.
Ce livre est une excellente porte d’entrée dans le monde de la libéralisation du commerce pour toute personne désirant comprendre le monde qui l’entoure.
Il inaugure par ailleurs la nouvelle collection « Enjeux planète », soutenue par douze éditeurs de pays francophones. Ce projet se veut une alternative à la mondialisation néolibérale dans le monde de l’édition. Les ouvrages publiés dans cette collection sont le résultat d’un travail d’équipe permettant aux éditeurs d’Afrique subsaharienne de payer leurs exemplaires trois fois moins cher que ceux du Nord. Comme quoi le commerce équitable ne se limite pas seulement au café...