Le NON de la gauche française

lundi 30 mai 2005

ATTAC-FRANCE : LA VICTOIRE D’UN PEUPLE DEBOUT ET INFORMÉ LA VICTOIRE D’UN PEUPLE DEBOUT ET INFORMÉ

Selon des résultats provisoires, le « non » aurait gagné avec 55 % des voix contre 45 % au « oui ». Les abstentions ne s’élèveraient qu’à 30 %, chiffre le plus bas de toutes les consultations européennes depuis qu’il
en existe.

Le peuple français vient de dire non au traité constitutionnel. Un non très majoritairement démocratique et européen. Ce faisant, les citoyennes et les citoyens ont d’abord dit non au néolibéralisme, dont le texte soumis à référendum constituait une éloquente défense et illustration. Ce non est en même temps un oui à une Europe indépendante, internationaliste, sociale, écologique et féministe ; un oui à une Europe solidaire : solidaire avec le reste du monde, en
premier lieu avec le Sud, et avec les générations futures.

Mais c’est aussi un oui à la démocratie, honteusement tournée en dérision par une propagande d’Etat agissant de conserve avec un système médiatique dont la quasi totalité des acteurs a fait preuve d’une partialité inouïe et d’une morgue insultante à l’égard des « moutons noirs » qui avaient l’audace de ne pas prendre pour argent comptant les arguments d’autorité assénés par les partis du « oui ». Les citoyennes et les citoyens ont démontré avec leur bulletin de vote qu’ils étaient
allergiques au bourrage de crâne. C’est pourquoi cet événement, par sa valeur d’exemple, a une portée historique, aux très importantes répercussions dans le reste de l’Europe et du monde.

Attac rend hommage aux dizaines et dizaines de milliers de citoyens qui se sont dépensés sans compter dans la bataille du référendum : les membres de ses diverses instances, en premier lieu de ses comités locaux ; les membres des collectifs unitaires ; les membres des autres
organisations politiques, syndicales et associatives qui se sont mobilisés avec la même détermination ; et aussi les citoyens isolés ou inorganisés qui ont accompli un travail de proximité particulièrement efficace. Chacun, à sa manière, dans une dynamique unitaire a ¦uvré,
pour expliquer autour de lui les enjeux et le contenu du traité, et donc pour assurer la victoire du non. Cette victoire n’appartient à personne : elle est celle d’un peuple debout et informé. Les fêtes de la victoire
du NON seront l’occasion de faire le bilan de la campagne et de débattre des perspectives.

Attac exprime sa profonde gratitude à tous les mouvements Attac du monde, en premier lieu à ceux d’Europe, qui, sous de multiples formes, ont fait preuve d’une solidarité sans faille à l’égard du combat de notre
association. Les Volontaires européens pour le non français, venus d’une douzaine de pays, et qui ont sillonné la France de meeting en meeting, méritent notre reconnaissance particulière. Démentant par leur présence
fraternelle les allégations calomnieuses des partis du oui, ils ont authentifié le sens de l’engagement d’Attac : non pas contre l’Europe, mais pour une autre Europe à construire ensemble. S’est ainsi renforcé un début d’espace public européen appelé à s’élargir. Dans le cadre des Volontaires européens, Attac France se tient évidemment à la disposition des Attac des pays dans lesquels vont être organisés des référendums, à commencer par le Luxembourg, le Portugal et le Danemark, pour les aider dans leur combat.

La victoire du non place tous ses acteurs devant des responsabilités nouvelles : il leur appartient, chacun avec sa spécificité, d’être à la hauteur de l’immense élan populaire qu’ils ont contribué à faire naître.

Pour sa part, Attac France va immédiatement engager, tant en son sein qu’en liaison avec les collectifs auxquels l’association participe, un travail de définition des politiques européennes répondant aux attentes qui se sont exprimées ce 29 mai. Attac France va également proposer aux autres Attac d’Europe la tenue, au début de l’automne, d’une Convention des Attac d’Europe. Cette Convention pourrait déboucher sur une plate-forme européenne commune, à soumettre à chaque gouvernement. Le
Forum social européen 2006 à Athènes prend de ce fait une dimension particulière pour Attac, pour les mouvements sociaux et pour les peuples européens.

Le néolibéralisme qui inspire le traité ne s’arrête pas aux frontières de l’Union européenne. Il est également porté, à un niveau encore plus élevé, et avec une particulière virulence, par les organisations
internationales : le G-8, le FMI, la Banque mondiale, l’OCDE et l’OMC. La prise de conscience - grand acquis citoyen du référendum - de la filiation entre les politiques nationales menées en France depuis plus
de vingt ans et celles décidées au niveau européen doit maintenant s’étendre au niveau mondial. Deux importants rendez-vous doivent, à cet égard, faire l’objet d’une
mobilisation rapide et élargie : la réunion du G-8 en Ecosse en juillet, et celle de l’OMC, à Hongkong en décembre, où la libéralisation supplémentaire de l’agriculture et des services (AGCS) sera à l’ordre du
jour. Attac va proposer aux collectifs pour le non français de s’inscrire dans ces deux grands combats, ainsi que dans ceux des taxes internationales, des paradis fiscaux, des OGM et de l’eau, entre autres.

Dans un avenir encore plus immédiat, il nous appartient de répondre au défi, frôlant la provocation, que Tony Blair nous lance en proposant un programme de travail ultralibéral pour la présidence britannique de l’UE du second semestre. Nous devons être nombreux à la manifestation de Bruxelles, les 16 et 17 juin, à l’occasion du dernier Conseil européen de la présidence luxembourgeoise qui passera le relais au fils spirituel
de Margaret Thatcher. Il devra donner des signes tangibles que le message des électeurs aura été bien reçu.

Attac demande aux citoyens qui ont voté oui en croyant rapprocher l’heure de l’Europe sociale et combattre le néolibéralisme de se joindre à nous tous pour livrer ces combats. Ils y ont toute leur place.

Attac est un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action, et le restera. Les recompositions politiques ne sont pas de son ressort. En revanche, et en particulier dans l’élaboration des alternatives au néolibéralisme, tant au niveau français et européen qu’international,
Attac va renforcer son rôle de proposition et d’aiguillon à partir du chantier que l’association va mettre en route, et qui impliquera toutes ses composantes, tous ses adhérents et ses comités locaux.

Attac appelle à l’organisation d’un tour des pays de l’Union. Attac France sillonnera ces pays pour expliquer le NON français, rassembler des forces à l’échelle européenne, mettre au point des alternatives. Attac France appelle toutes les autres organisations à faire de même.

Attac, Paris, 29 mai 2005, 22 h.


MOUVEMENT POUR UNE ALTERNATIVE REPUBLICAINE ET SOCIALE

EN ENVOYANT LE PROJET DE CONSTITUTION AU PILON, LE PEUPLE VIENT DE SIGNER SON RETOUR. IL DOIT GARDER LA MAIN POUR IMPOSER UN AUTRE PROJET POUR L’EUROPE ET POUR LA FRANCE.

En votant non au projet de constitution de l’Union Européenne, le peuple français vient à la fois d’exprimer un choix antilibéral d’ampleur historique et de signifier de manière fracassante son retour aux affaires. Il a puisé dans ses meilleures traditions pour rejeter un
texte qui en réalité balayait le fondement de ses acquis républicains et sociaux. Il a refusé le marché de dupe qui consistait à troquer la souveraineté populaire contre une démocratie virtuelle que tentait d’instituer cette constitution d’un nouveau genre, véritable marche pieds à une mondialisation libérale débarrassée de toute entrave citoyenne et collective.

Mais les électeurs ont également su transformer ce refus en un message d’avenir à destination de tous les peuples d’Europe. Car cette campagne l’a montré : très majoritairement ce non n’est ni xénophobe, ni frileux.
Il est devenu au contraire au fil de la campagne un non d’espérance dans une autre politique pour la France et pour l’Europe.

En conséquence, nos dirigeants ne peuvent continuer à faire comme si le peuple ne leur avait pas délivré un message clair. Dès le sommet européen
de mi-juin il nous faut exiger de nos représentants qu’ils portent des propositions concrètes et immédiates aptes à traduire la volonté populaire : retrait définitif de la directive Bolkestein et de toutes
les décisions qui vont dans le même sens, abandon du pacte de stabilité, suspension des directives imposant la mise en concurrence des services publics et remise en question de l’indépendance de la B.C.E. Ils doivent
également signifier la volonté de la France non pas d’un plan B concocté dans le secret mais d’entreprendre au grand jour, sous l’autorité des peuples, des discussions en vue de la signature d’un nouveau traité afin de résilier le très libéral traité de Nice.

Ce non est aussi l’œuvre d’une mobilisation sans égale depuis longtemps : celle du millier de collectifs de gauche et de toutes les organisations et structures - partis, courants politiques, associations, syndicats -
qui ont su, dans l’unité, impulser puis participer à ce processus.

Cette mobilisation, ce retour du politique au sens noble du terme, ne doit pas rester lettre morte. Ce 29 mai peut devenir l’occasion unique de refermer la parenthèse libérale ouverte voici plus de 20 ans. Il peut renouer avec les espérances du 10 mai 1981 et permettre à la gauche de redevenir une force d’alternative et non plus d’alternance. On le voit, la responsabilité de tous ceux qui ont œuvré, ensemble, à cette campagne est grande.

Elle nous impose de rester unis, sans sectarisme, et d’agir pour que le mouvement populaire et citoyen qui vient de se mobiliser pour refuser ce texte, se transforme en une force de proposition à la fois pour l’Europe et pour la France. Une force qui ne devra pas rester de témoignage mais avoir pour ambition de changer toute la gauche et d’œuvrer à la défaite de la droite lors des élections à venir.

Nous appelons donc tous les collectifs qui se sont créés à l’occasion de cette campagne référendaire à se réunir rapidement, à s’ouvrir à tous ceux qui, quel qu’ait été leur choix, veulent travailler à l’élaboration d’un programme antilibéral et démocratique pour l’Europe
et pour la France. Dans le même temps, comme cela a été le cas lors de la campagne référendaire, les organisations qui veulent s’investir dans cette démarche doivent poursuivre leur travail d’élaboration unitaire.
Ce processus devra converger vers des Etats Généraux réunissant à la fois des acteurs de ces rassemblements locaux et des représentants de toutes les organisations dans le respect de la diversité et du pluralisme qui nous a permis de vaincre dans l’unité. Nous pouvons
écrire un chapitre important de l’histoire de la gauche et de notre pays. Nous avons le devoir de ne pas le rater.


Mouvement National des Chômeurs et Précaires

Une majorité du peuple français vient de dire « non » au référendum sur la constitution européenne.

Parmi celle-ci, un grand nombre de ceux et celles qui souffrent de l’absence de véritables politiques sociales et de l’emploi, promises depuis 25 ans mais jamais mises en œuvre. C’est une confirmation considérable d’un désaveu du politique.

Une évolution majeure doit avoir lieu, la sphère économique ne doit plus imposer ses normes. Sans cela le chômage ne sera pas vaincu, la précarité de l’emploi continuera à se développer.

Il est grand temps qu’au niveau français et européen soient mises en place de véritables politiques permettant l’accès à des formations choisies, à des emplois stables, correctement rémunérés pour tous et toutes.

Pour tonifier la vie démocratique, les organisations favorisant un développement de la participation et la représentation citoyenne, dont l’ensemble des mouvements de chômeurs et précaires devront enfin être véritablement reconnus et soutenus.


Communiqué des Marches européennes/Euromarches

Un Non d’espoir pour les chômeuses, les chômeurs, les précaires et les exclus de toute l’Europe !

Depuis près de dix ans les Marches européennes/Euromarches sillonnent l’Europe pour dénoncer les méfaits d’une Europe construite à l’insu des peuples qui la composent par les néolibéraux de droite ou de gauche. Nos cris de colère n’ont rencontré que le mépris. Pour la première fois, profitant d’un référendum aux intentions politiciennes, les citoyennes et citoyens en France ont exprimé clairement qu’ils ne voulaient pas d’une constitution européenne néolibérale, source de chômage et de misère.

Nous savions que ce vote en France était aussi très attendu dans les autres pays de l’Union européenne qui connaissent les mêmes politiques de précarisation (processus de Lisbonne) et de chasse aux chômeurs. Le résultat des élections en Allemagne, celui du référendum en France et celui à venir en Hollande montrent qu’il y a urgence à réorienter radicalement les politiques européennes en matière d’emploi, à stopper le dumping social et fiscal, à partager les richesses produites pour que toutes et tous perçoivent un salaire ou un revenu leur permettant tout simplement de vivre.

Les Marches européennes/Euromarches se réjouissent de ce résultat : il renforcera le camp de celles et de ceux, notamment dans les Forums sociaux européens, qui oeuvrent à l’émergence d’un mouvement social européen capable d’unifier à l’Est comme à l’Ouest les luttes des salariés, des chômeurs et précaires pour une autre Europe pour un autre Monde.


Déclaration de Marie-George Buffet, Secrétaire générale du Parti communiste français

29 mai 2005

Un grand espoir se lève aujourd’hui. Mobilisé de façon exceptionnelle, notre peuple a dit non à la déferlante libérale qui ravage l’Europe et le monde depuis vingt ans. C’est un tournant. Cette victoire s’est construite dans le refus des gâchis et des souffrances engendrées par les politiques de casse sociale ; dans les luttes et les mobilisations de ces dernières années ; dans une dynamique de rassemblement populaire qui évoque les grands moments du Front populaire ou de mai 68.

Cette victoire est avant tout celle des ouvriers, des employés, des jeunes, des sans emplois, des militantes et des militants, français et étrangers, qui ont fait un travail remarquable pour permettre à notre peuple de se forger son opinion. Ces femmes et ces hommes se sont emparés du contenu réel du texte qui leur était soumis. Ils, elles se sont ainsi rassemblés jusque dans les urnes pour rejeter cette camisole libérale. Nos gouvernants doivent se soumettre à ce choix, ou se démettre.

La France doit demander la renégociation du traité et exiger l’abandon immédiat des projets ultra-libéraux de Bruxelles : directive Bolkestein et toutes les mesures de libéralisation, de privatisation et de reculs des droits sociaux prévus à l’agenda de Lisbonne. Le Parlement français doit se réunir, avant le Conseil européen de mi-juin, pour tirer toutes les conséquence de ce vote.

Mobilisons-nous en masse lors de ce Conseil pour qu’il entende et respecte la position du peuple français.
Ce non de notre peuple est un non européen, généreux, solidaire. Il invite à ce que s’organisent dans chacun de nos pays, et à l’échelle de l’Europe elle-même, des Assises populaires pour une autre Europe.

Donnons nous l’ambition de constituer ainsi une force si puissante qu’elle dictera le sens de la renégociation du traité.

La gauche, de son côté, doit tirer les enseignements de ce scrutin. Après tant de déceptions, la victoire du non appelle un vaste rassemblement politique, capable de battre les politique libérales.

Le peuple exige de la gauche qu’elle ait enfin le courage et la force d’affronter les puissances d’argent et les dogmes du libéralisme. Le Parti communiste appelle toutes les forces de gauche à assumer cette immense responsabilité. J’appelle à ce que se tiennent dans chaque commune de France, dans les jours qui viennent, des assemblées de celles et ceux, citoyennes et citoyens, élus et responsables politiques, organisations qui ont permis la victoire. J’invite de tout cœur à y prendre toute leur place les femmes et les hommes, les organisations de gauche qui, bien qu’ayant choisi le oui, voudront participer avec nous à l’aventure exaltante de construction d’une autre Europe, et d’une véritable alternative de gauche dans notre pays. Forgeons ensemble à gauche l’Union populaire pour changer nos vies.


Ecrasante victoire du « non » avec 55 %

Déclaration de la LCR. Le non vient donc de l’emporter. C’est une victoire magnifique pour tous ceux qui souffrent depuis de nombreuses années des méfaits des politiques libérales menées avec constance depuis plus de vingt ans. Une victoire pour le monde du travail face à un projet de constitution qui entendait annuler l’ensemble des conquêtes accumulées au XX° siècle. Victoire pour les populations soumis à une marchandisation croissante qui détruit les services publics et les solidarités. Après une campagne ahurissante mobilisant l’ensemble des medias et des élites au service du oui, où le président, le gouvernement, le patronat, les partis institutionnels ont organisé une campagne de la peur n’hésitant sans aucune forme de chantage ou de pression, le non l’a quand même emporté. Quelle défaite pour les forces qui ont tout utilisé : les peurs, les insultes, les amalgames avec l’extrême droite pour masquer les véritables enjeux. Qui ont mobilisé tant de moyens face à ceux dérisoires mais militants du non. On a voulu faire plébisciter une vision désincarnée de l’Europe et voilà que le non censure le libéralisme. C’est une défaite pour celles et ceux qui rêvent d’une société libérale libérée des entraves que représentent les résistances du monde du travail et du peuple de ce pays, mais qui n’ont jamais au court de cette campagne assumée leur projet. Celui d’une société basée sur le profit, la compétition, la concurrence, les inégalités comme forces motrices en lieu et place de l’égalité, de la coopération et de la solidarité. Alors bien sur, ce n’est qu’une victoire qui ne changera pas tout face au rouleau compresseur capitaliste, l’Europe telle qu’elle est va continuer à proposer des directives qui s’attaquent aux droits sociaux, les gouvernements vont poursuivre leurs offensives libérales. Mais dans un contexte différent. Face à un non social et démocratique qui face à l’Europe, aux peuples, aux travailleurs, rejette cette société du profit pour en proposer une autre. Ce non social et démocratique s’adresse à toute l’Europe, aux populations à l’est comme à l’ouest qui subissent de plein fouet la démolition de leurs droits sociaux. C’est un encouragement formidable pour les forces, nombreuses, qui elles aussi pensent qu’une autre Europe est possible à condition de défaire cette Europe libérale et capitaliste. A nous qui venons de refuser cette constitution de proposer des initiatives européennes dessinant une autre Europe. Une Europe qui harmoniserait les droits sociaux et démocratiques par le haut. Une Europe qui ferait des critères de convergences sociaux, de la mise en œuvre d’un SMIC européen, d’une fiscalité commune sur les capitaux, de la création de véritables services publics européens ; de véritables priorités. Une Europe qui étendrait à toutes les femmes le droit à l’avortement, à tous les résidents étrangers l’égalité des droits. Une Europe enfin de la paix, de la coopération, solidaire du Sud de la planète, qui, tournerait le dos à l’OTAN et à la remilitarisation promise par le Traité.

Chirac et Raffarin, qui mènent la politique libérale inscrite dans le marbre du traité, viennent une nouvelle fois d’être lourdement sanctionnés. Ceux qui nous ont promis le chaos, la crise, sont plus que jamais illégitimes. Ils doivent démissionner. Le parlement qui aurait ratifié cette constitution à près de 90% ne représente pas le pays réel. Cette assemblée doit être dissoute, de nouvelles élections convoquées. Laissera-t-on à Chirac le soin de négocier un futur plan B qui volerait la victoire du camp du non social ? Laissera t-on ce gouvernement continuer pendant deux ans à poursuivre cette politique antisociale ? Ce vote montre une crise de la représentation majeure : si le vote n’avait eu lieu au parlement, c’est près de 90% des députés et des sénateurs qui auraient ratifié le traité. C’est à la proportionnelle que doit être élue la prochaine assemblée. Le patronat mobilisé à fond pour un projet qui est fondamentalement le sien vient de subir un revers. A nous de profiter de cet affaiblissement de la droite et du patronat, sans attendre 2007, pour prendre une revanche sociale. Imposer une autre répartition des richesses et du travail, sauver et étendre les services publics, défendre et élargir la protection sociale. De ce point de vue les luttes récentes des travailleurs d’IBM et de Total montrent la voie à suivre. Celle de la généralisation des luttes. A gauche les directions du PS et des verts ont voulu permettre en s’alliant à la droite de faire passer une telle constitution. Eux aussi sont lourdement sanctionnés comme globalement toutes les forces qui assument le bilan de leur participation gouvernementale et de leur politique libérale. Décidemment il y a bien deux gauches dans ce pays. Une gauche libérale qui accepte les contraintes d’un capitalisme de plus en plus brutal et sauvage et qui accompagne les contre-réformes libérales. Celle qui a provoqué le désastre du 21 avril 2002, celle qui ne combat pas les projets de la droite, celle qui finalement a le même projet économique et social que la droite. Mais une autre gauche, un autre camp se sont dégagés dans cette campagne.

Le non social et démocratique a été l’événement de cette campagne. Il a posé les bonnes questions, lutté contre une campagne mensongère, et installé le vrai débat qui traverse le pays : pour ou contre le libéralisme, accepter ou se résigner, face à la brutalité de l’offensive patronale. Des milliers de débats, des centaines de meetings, un millier de collectifs sont venus perturber la belle machine à ratifier sans vague l’escroquerie libérale et antidémocratique que représentait cette constitution. Regroupant tous ceux qui luttent, qui résistent depuis de nombreuses années, le non porte l’espoir d’un autre monde, d’une autre Europe, d’une autre politique. Ce non là est l’avenir. Il est porté par les luttes des jeunes et des travailleurs, il vient des combats des mouvements altermondialistes, il a permis la convergence de militants de la LCR, du PCF, d’écolos et de socialistes pour un non antilibéral ainsi que la rencontre de ces militants politiques avec des syndicalistes, des militants associatifs. Cette convergence de force, ce soulèvement de la France d’en bas, est l’événement majeur de cette campagne. L’engagement de nombreux militants syndicalistes, d’équipes syndicales, d’Attac a été déterminant dans le succès de la campagne. Ce qui a permis de lever de nombreux obstacles à la convergences des forces Elle doit se poursuivre. C’est pourquoi nous proposons une rencontre nationale des 1000 collectifs du non pour décider ensemble de continuer. Agir contre la droite et le patronat. Proposer une alternative au capitalisme libéral en Europe comme en France qui redonne espoir à celles et ceux de plus en plus nombreux qui ne résignent à accepter les lois d’airain de cette société capitaliste. Les forces politiques qui se sont regroupés dans le cadre antilibéral de l’appel dit des 200 doivent également, nous le proposons, se rencontrer rapidement pour encourager et développer de telles perspectives.

Au niveau européen, un Forum social européen doit permettre dans des délais assez rapides de dessiner les contours d’une autre Europe sociale, solidaire et démocratique. Un processus constituant démocratique doit être mis en discussion.

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