L’écrivain uruguayen Carlos Liscano raconte ses années passées en prison dans le Fourgon des Fous. Emprisonné en 1972 à l’âge de 23 ans, Carlos Liscano sera libéré en 1985. Après plus de trente ans, il parvient finalement à livrer son récit d’un ton calme, toujours posé.
Pas de haine ni de violence dans sa voix. Liscano emploie des mots simples pour décrire ces treize années. Des mots simples qui résonnent fort, portés par la puissance de leurs propres poids.
Le Fourgon des Fous est une chronique des jours de peur et de solitude, des jours passés en compagnie de tortionnaires, des nuits à entendre les cris des prisonniers, des heures passées entre les mains des gardes qui cognent sur tout le corps.
Le retour de l’animal en l’homme, les cuisses couvertes de pisse chaude.
Le dégoût de soi, inculqué de force à coups de matraque et à grands cris.
Un quotidien où la liberté ne devient plus qu’un vague concept. Une notion jadis comprise, mais qui devient soudainement floue et incongrue pour un homme coincé entre quatre murs, avec la peau qui brûle et les os qui craquent.
La liberté, un souvenir si terrifiant lorsqu’elle est accordée de nouveau.
Très peu d’entre nous connaissent si intimement la torture et ses effets sur le corps. Peu d’entre nous possèdent le talent de Carlos Liscano.
Sa petite cellule de prison à Montevideo est semblable à toutes celles qui se dressent aujourd’hui en Chine, en Afghanistan et au Moyen-Orient, à Guantanamo Bay, en Afrique centrale ou à Toronto.
Et les cris sont tous semblables. Des cris qui nous rendraient tous sourds, s’ils n’étaient pas étouffés par les épais murs des cachots.
Un livre d’une humanité saisissante.