Lors d’une rencontre d’une délégation du Conseil international (CI) du Forum social mondial (FSM) avec le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, il y a deux jours, dans les bureaux du gouvernement à Tunis, celui-ci a confirmé « l’appui inconditionnel » de son gouvernement à la tenue du prochain FSM en sol tunisien. Au cours d’un entretien non protocolaire et prolongé, le chef du gouvernement a aussi confirmé que le site, Tunis, et la date prévue, du 23 au 28 mars prochain, ne lui posaient pas de problème.
La date de fin mars circule toujours dans les médias et les cercles politiques comme celle la plus probable pour la tenue des premières élections législatives régulières. Or, Monsieur Jebali a affirmé à la délégation que la date des élections n’était pas fixée et que ces dernières n’étaient pas à l’ordre du jour du gouvernement provisoire.
Un appui impliquant Ennahda
Cette nouvelle fut accueillie avec enthousiasme à la rencontre du CI du FSM 2013, malgré des réserves quant aux objectifs poursuivis par cet appui. La rencontre a témoigné de l’intérêt du gouvernement provisoire à adopter une attitude d’ouverture face au FSM. Étant donné les fonctions décisionnelles de M. Jebali, sa position constitue un appui plus ferme de la part des principaux protagonistes de la coalition gouvernementale.
En effet, il y a trois mois, le comité tunisien du forum avait obtenu le même appui du Président de la République, Moncef Marzouki, du Congrès pour la République (gauche démocratique), pour la tenue de l’Assemblée préparatoire du FSM à Monastir, au sud-est de Tunis. Toutefois, l’appui du premier ministre, M. Jebali, qui est également secrétaire général du parti islamiste Ennahda, exprime ainsi l’approche de la principale composante gouvernementale, compte tenu qu’Ennahda a obtenu 40% des voix aux élections générales de juillet 2011. Mentionnons que la troisième formation politique à faire partie de la « troïka » du gouvernement provisoire est le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Ettakatol), membre de l’Internationale socialiste, à qui on a réservé la fonction de Président de l’Assemblée constituante, occupée par Moustapha Ben Jaafar.
Une conjoncture politique d’ouverture
S’exprimant principalement en arabe, M. Jebali a exprimé le vœu du gouvernement de rechercher un nouvel équilibre avec la société civile tunisienne, qui se situe pour lui entre le pouvoir étatique et l’opposition politique. Il souhaite ainsi que le FSM 2013, en plus de crédibiliser au niveau international l’expérience tunisienne, renforce l’autonomie de la société civile déchirée entre le pouvoir et l’opposition politique.
Au nom du CI du FSM, Francisco « Chico » Whitaker du Brésil a expliqué par la suite les fondements et les objectifs du FSM, comme espace démocratique, ouvert et inclusif, pour l’ensemble des mouvements sociaux de la planète. Gustave Massiah, d’Alternatives International France, a insisté sur le caractère international de l’événement et le processus autonome d’élaboration du contenu. Il a rappelé que le forum n’adoptait pas de déclaration finale et que le tout appartenait aux mouvements sociaux. Kamal Lahbib, du Forum des alternatives (Alternatives International Maroc), a rappelé toute l’importance de la tenue du FSM en regard de l’expérience pour le Maghreb et l’ensemble de l’Afrique du Nord.
M. Jebali a rassuré la délégation que son gouvernement ne cherchera pas à exercer quelque pression politique sur le FSM à des fins partisanes et gouvernementales. Toutefois, il souhaite aussi que le FSM s’assure qu’il ne soit pas non plus instrumentaliser par l’opposition politique tunisienne, notamment par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Il a ajouté que les comités organisateurs du FSM 2013 pouvaient compter sur la collaboration et l’appui des instances ministérielles pour faciliter la tenue des activités, notamment au niveau technique, visas, transport, hébergement, espaces, installations sanitaires et de santé. Rappelons que le dernier FSM 2011 à Dakar n’a pas bénéficié du même appui politique de la part des instances gouvernementales, qui est possible aujourd’hui, étant donné les événements qui sont survenus au début de l’année 2011.