
La mondialisation agonise sous le coup des faillites de nations entières, comme l’Argentine, en plus de subir l’onde de choc de scandales financiers ayant détruit des fleurons de l’économie mondialisée tels Enron, Arthur & Anderson, BCE, Nortel, Vivendi, etc.
Comment expliquer que les trois révolutions de l’économie moderne (révolution industrielle, automatisation et mondialisation) ont toutes lamentablement échoué dans leurs promesses de créer une plus grande justice sociale et un bien-être pour le plus grand nombre ? Dans son essai La stratégie de l’autruche. Post-mondialisation, management et rationalité économique, Omar Aktouf soutient que, la tête dans le sable et niant la « paupérisation absolue », les apôtres du néolibéralisme ont tenté de nous faire croire que le salut humanitaire résidait dans la poursuite de l’enrichissement personnel à l’infini, la valorisation du plus fort et de la réussite individuelle.
L’auteur désigne sous le vocable « financiarisation de l’économie » le concept pernicieux à la base de cette idéologie. En clair, cela signifie que les joueurs dominants de l’échiquier économique mondial insistent pour que les États laissent à l’entreprise toute la place pour manœuvrer. Les grandes écoles enseignent aux gestionnaires de demain que les gouvernements doivent impérativement se conformer aux mêmes règles de conduite que l’entreprise (saine gestion, rentabilité, compétitivité) et, plus grave encore, que soient évacuées du discours politique les préoccupations sociales et les affaires humanitaires - entraves au libre marché, dépenses inutiles - au profit de l’argent pour l’argent. Avec comme résultante une concentration honteuse du capital dans les mains des plus nantis. Omar Aktouf s’interroge : « De quelle mondialisation parle-t-on quand 80 % du commerce mondial se fait entre multinationales et leurs filières ? »
Véritable condensé encyclopédique, La stratégie de l’autruche invite à une réflexion engagée et audacieuse. Le lecteur, au-delà du jargon économique certes assez aride et didactique, se laissera absorber par une lecture fort édifiante proposant un changement de vision radical de la gestion des affaires économiques mondiales.