ROMAN

La promesse d’Oslo

De Gilles Rozier

mardi 27 septembre 2005, par France-Isabelle LANGLOIS

Voici un très beau roman, tout en douceur et en simplicité. Un peu de douleur aussi. Gilles Rozier, avec La promesse d’Oslo, nous amène à Jérusalem, dans la vie d’une mère endeuillée, Sharon. Une femme juive orthodoxe vient de perdre son fils dans un attentat suicide. Son seul fils Eli, à peine 20 ans, qui avait décidé de faire son service militaire, même si la loi lui permettait à lui et aux autres jeunes de sa communauté de s’en abstenir. Tous les autres avaient plutôt pris le chemin de la maison d’études. « Eli n’était pas d’accord, quand tu vis dans un pays tu fais comme tout le monde, s’il y a trois ans d’armée tu fais trois ans, après tu vas étudier mais d’abord l’armée pour pouvoir regarder les gens sans baisser les yeux dans l’autobus à la poste chez l’épicier. »

Mais voilà le seul fils de Sharon meurt, non pas en service mais alors qu’il rentrait à la maison et s’était arrêté pour lui acheter des fleurs. Sharon a 42 ans et son mari l’a divorcée car elle n’arrivait plus à enfanter. Elle n’avait qu’une vie, qu’un destin, son fils, Eli. Mais Eli n’est plus.
Commence alors la vie lente, sans vie, de Sharon, qui continue chacun des gestes convenus du quotidien d’une femme religieuse. Elle continue aussi à se rendre à la maison de vieux où elle officie aux cuisines. Mais le quartier, la voisine, la maison l’étouffent. Elle déménage, fait la rencontre d’une femme qui a le même âge qu’elle, mais qui n’est pas religieuse. Celle-ci, Magda, a un enfant après insémination. Et si elle, Sharon, faisait de même ? Le livre dit « Croissez et multipliez ». Le rabbin, humain, lui dit que dans ce cas il ne faut pas que le père soit juif. Il faut donc aller là où il n’y a pas de juifs, comme en Norvège, à Oslo par exemple.
Gilles Rozier est né en 1963 à Grenoble. Il a déjà publié quelques romans, dont trois chez Denoël : Par-delà les monts obscurs, 1999 ; Moïse fiction, 2001 ; Un amour sans résistance, 2003 (traduit dans treize pays) ; ainsi qu’un récit, Fugue à Leipzig, 2005. Également l’auteur d’une thèse de littérature yiddish, il a les rênes de la bibliothèque Medem à Paris avec l’intention de faire sortir le yiddish de ses étagères poussiéreuses. Et en 2003, il a ouvert la Maison de la culture yiddish dans un hôtel particulier du 9e arrondissement, question de faire connaître au plus grand nombre la culture ashkénaze.


Éditions Denoël, Paris, 2005, 192 pages.

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