Un pays riche peuplé de pauvres. Deuxième pays de l’Afrique par sa taille, troisième par son économie, l’Algérie regorge de pétrole (4e exportateur mondial) et de gaz (9e). Mais ces ressources fournissent toujours 98 % des revenus d’exportation. Le reste de l’économie peine à décoller.
Région à vocation agricole sous la colonisation, l’Algérie a voulu se développer à marche forcée dans les années 1970, sur le modèle soviétique. Grâce à l’argent du pétrole, de gigantesques usines ont été bâties en même temps qu’étaient nationalisées les terres agricoles. L’expérience a vite tourné au fiasco. Mais la manne pétrolière a permis d’éponger les déficits et d’acheter la paix sociale en garantissant le versement des salaires. L’effondrement des cours du brut au milieu des années 1980 et les émeutes qui s’ensuivirent ont forcé les autorités à changer de cap.
Le pays a cédé alors aux sirènes du libéralisme, mais la guerre civile des années 1990 et l’absence de réformes ont bloqué toute possibilité sérieuse de relance. Au bord de la cessation de paiement en 1993, l’Algérie connaît aujourd’hui, toujours grâce à son pétrole et à son gaz, une aisance financière inédite. En quelques années, la dette extérieure (30 milliards de dollars) a été presque entièrement remboursée et les réserves de change dépassent les 130 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB. Mais le pays n’arrive pas à attirer l’investissement étranger et à développer un secteur manufacturier et de services créateur d’emplois stables.
La raison ? Une administration paralysante et un secteur bancaire obsolète (il faut encore plusieurs mois pour créditer un chèque d’une région à une autre) finissent par venir à bout des plus déterminés. Cette situation a favorisé l’émergence d’un secteur informel, qui représente la moitié de l’économie et fait survivre des millions de personnes. Et les réseaux d’importateurs, alliés à l’administration et à des gradés de l’armée, prospèrent à mesure que la population s’appauvrit. Sur les quelque 34 millions d’habitants, le tiers a moins de 15 ans. Officiellement, le chômage oscille autour de 17 %, mais le chiffre réel serait beaucoup plus important. Le salaire minimum avoisine les 150 dollars par mois (un professeur d’université en perçoit 700), mais l’Algérie importe quasiment tout. Conséquence : le consommateur moyen ne peut pas s’offrir des produits souvent vendus au même prix que dans les pays riches.
En 2005, le président Abdelaziz Bouteflika a initié un ambitieux plan de développement à coup de milliards dollars. Objectif : créer un million d’emplois par la relance du bâtiment (construction d’un million de logements) et de gigantesques projets d’infrastructures (autoroute est-ouest de 1 200 km, métro et tramway à Alger, lignes ferroviaires, etc.). Trois ans plus tard, tous ces projets sont en retard.