Dans tous les cas de figures, c’est le scénario du moindre mal qui a gagné : le PLC a payé pour ses fautes (mais pas trop...), le Canada de l’Atlantique et du centre (Québec et Ontario) a signifié un non à la droite montante du Parti conservateur, le Québec a souligné sans équivoque sa « distinction » et le NPD, malgré
quelques déceptions, a commencé sa remontée. Et l’ouest du pays nous a rappelé qu’il était désespérément conservateur.
Rien de tout ce qui devrait être l’objet de débat et d’enjeux durant une campagne électorale n’a été vraiment abordé. À quoi s’attendre sur les grands enjeux qui s’annoncent ? Personne ne le sait vraiment et ce seront les alliances parlementaires qui en décideront probablement.
La première de ces alliances sera sûrement celle du PLC avec le NPD, ce qui constitue une configuration plus positive (ou moins négative selon) pour les progressistes, une seconde devrait être celle du BQ et du NPD sur de grands enjeux pour lesquels ces deux partis ont des positions semblables (Protocole de Kyoto,
bouclier anti-missile, politique extérieure,souveraineté culturelle....).
C’est certainement dans cette direction que devraient s’orienter le BQ et le NPD s’ils veulent profiter au maximum d’une conjoncture politique « exceptionnelle » qui, si le jeu est bien joué, pourra faire avancer quelques politiques progressistes. Le « jeu » des alliances politiques comporte certes des risques mais
il permet, au contraire de la situation de simple opposition, de parfois faire quelques percées. À titre d’exemple, le NPD pourrait amener le PLC à accepter d’ouvrir (enfin !) le débat sur le mode du scrutin. Chose certaine, le résultat de lundi a retiré le mandat
de « chèque en blanc » que s’était attribué le PLC depuis 13 ans,et celui-ci devra aussi jouer le jeu des alliances s’il ne veut pas se faire renverser au premier détour.
Nos systèmes électoraux et parlementaires ont peu habitué la classe politique à travailler en alliance, à chercher les compromis,à écouter ce que manifestent les citoyens, puisque la majorité parlementaire s’impose, souvent avec beaucoup d’arrogance, et que les autres partis se confinent au rôle d’opposition, parfois courageusement mais très souvent bêtement. Souhaitons que nous puissions profiter au maximum du résultat de cette élection car,pour un certain temps du moins, le gouvernement minoritaire du PLQ ne pourra pas, comme il l’a fait au cours de ses mandats précédents, imposer unilatéralement ses visées et souhaitons que « ses alliés », même de courte vie, l’entraînent sur quelques
bonnes pistes.
Tout est en place pour tirer plus « à gauche » du centre « qu’à droite » du centre, surtout à quelques mois des élections américaines.
Le débat sur la réforme du mode de scrutin doit demeurer à l’ordre du jour, tout comme le débat essentiel et nécessaire sur la façon dont nous pratiquons la démocratie et comment nos pratiques doivent se renouveler si nous ne voulons pas perdre pied, à
l’exemple de nos voisins du sud, et basculer vers un simulacre de démocratie. Le résultat de l’élection de juin 2004 aura eu, osons l’espérer, le mérite d’actualiser ces questionnements.