Succès de librairie en Haïti dès sa sortie, ce livre est un témoignage sur le régime de terreur instauré en Haïti par le dictateur François Duvalier, d’octobre 1957 jusqu’à sa mort, le 21 avril 1971. L’auteur, Jean Florival, journaliste et proche du pouvoir duvaliériste de 1957 à son exil en 1967, raconte toute une série d’événements que seul quelqu’un de haut placé du régime pouvait connaître.
Beaucoup des faits relatés sont déjà connus du grand public. Toutefois, Florival a le mérite de les présenter avec plus de détails. Il montre comment Papa Doc (François Duvalier) s’est débarrassé, après sa victoire aux élections de 1957, de gens brillants de son entourage qui avaient pourtant contribué à son succès. Il montre aussi comment le président a instauré une dictature sanguinaire en créant sa propre milice (les Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN)), en chassant du pays non seulement des entrepreneurs mais aussi de nombreux intellectuels. Les exécutions des opposants politiques, des prisonniers, des officiers de l’armée et même de ses proches étaient monnaie courante.
Le dictateur François Duvalier a accueilli en Haïti une partie de la famille du dictateur dominicain Rafael Trujillo après son assassinat en 1961, alors que ce dernier avait fait massacrer au moins 30 000 Haïtiens en République Dominicaine en 1937. Le chef de l’État haïtien a par la suite financé le renversement du gouvernement socialiste démocratiquement élu de Juan Bosch en République Dominicaine.
Tout en déjouant les complots, ce dictateur a expulsé d’Haïti un ambassadeur américain (Raymond L. Thurston) pour s’être immiscé dans les affaires internes d’Haïti. C’était une première dans les relations haïtiano-américaines.
L’ouvrage de Florival met également en lumière l’infidélité du dictateur et la grande corruption de son régime. En effet, la famille et les entourages de Papa Doc empochaient des commissions lors de l’embauche de coupeurs de canne haïtiens en République Dominicaine et ils prélevaient des montants sur les recettes des entreprises publiques, sur les salaires de la fonction publique, etc.
Ils étaient aussi mêlés à toute une série de combines pour s’enrichir. Le trafic de sang est un exemple : on achetait aux Haïtiens du sang à vil prix pour le vendre aux États-Unis, en Allemagne et en Suède. Ce trafic a causé la mort de nombreux Haïtiens pauvres. Duvalier possédait des comptes bancaires en Suisse et ailleurs pour dissimuler sa fortune.
Malgré certaines réalisations (réfection bétonnée de la Grand-Rue, construction du premier aéroport international d’Haïti, etc.), le régime de François Duvalier représente une période sombre dans l’histoire haïtienne.