
« Aristide est un pur produit du mouvement démocratique et populaire. » D’entrée de jeu, Claude Moïse introduit une question tout à fait opportune dans la conjoncture actuelle, alors que le pays enjambe un processus de réconciliation nationale : comment le mouvement populaire peut-il prétendre construire une société si la première aventure démocratique avec un président élu s’est soldée par un échec ? Pour construire, écrit Moïse, il faut d’abord comprendre comment on est arrivé à un échec.
Claude Moïse tente de répondre à cette question en sept chapitres. Les observations d’alors sont tout aussi valables aujourd’hui. Les conditions nationales de mise en œuvre de politiques sociales et économiques sont désastreuses et insuffisantes pour assurer un minimum de succès à tout programme de revitalisation, qu’il s’agisse du secteur économique, social ou politique. Il est tout aussi illégitime de concevoir un État qui ne saurait répondre aux besoins quotidiens des citoyens, faute de ne pas s’être modelé selon ses ressources et sa réelle capacité d’intervention.
Dans son essai, Claude Moïse fait le tour d’un nombre de facteurs propres à l’histoire haïtienne dont il faut tenir compte afin que la phase de transition qui s’amorce ne se transforme en crise de transition. Claude Moïse, historien haïtien, est l’auteur de plusieurs ouvrages dont le plus récent est Le Projet national de Toussaint Louverture et la Constitution de 1801.