La crise du logement, prise deux ?

samedi 1er février 2003, par David TOUSIGNANT

Au lendemain du 1er juillet 2002, les médias multipliaient les articles sur la situation critique de centaines de familles du Québec, en manque de logis. Que sont devenues ces familles alors logées de façon temporaire ? Rien ne laisse présager une amélioration rapide de la situation cette année.

La crise du logement n’est pas un phénomène qui se limite au mois de juillet. « Tout au long de l’année, nous aidons des familles mal logées ou sans toit, explique François Saillant, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Actuellement à Montréal, plusieurs centaines de familles sont en situation d’extrême fragilité. Certaines d’entre elles n’ont toujours pas trouvé de logement et d’autres ont perdu le leur. »

Depuis la fin de l’été 2002, aucune assistance n’est offerte par le gouvernement québécois en ce qui concerne l’hébergement temporaire, l’entreposage de meubles ou encore l’aide financière au logement, comme ce fut le cas autour du 1er juillet dernier. De nombreuses familles se retrouvent abandonnées à elles-mêmes, n’ayant comme seul recours le soutien des groupes communautaires qui disposent de moyens limités afin de leur venir en aide. L’expérience des deux dernières années a aussi démontré une aggravation de la discrimination au moment de la recherche d’un appartement, une augmentation des évictions pour non-paiement des loyers et une détérioration de la qualité du parc de logements locatifs.

Pour éviter de se retrouver dans la rue, plusieurs familles passent donc de la demeure des parents à celle des amis. D’autres sont hébergées temporairement dans des motels. « Il est difficile d’avoir une vie familiale saine alors que l’on s’entasse huit dans un quatre et demi. C’est une source constante de conflits pour ces gens victimes de la crise actuelle », remarque François Saillant.

Le rapport publié annuellement par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) indique que les villes de Québec (0,3 %), Gatineau (0,5 %) et Montréal (0,7 %) occupent les trois premières places au sommet du plus bas taux d’inoccupation parmi les régions métropolitaines du Canada. La situation est critique pour ces villes qui se situent loin du taux d’équilibre de 3 %. À Montréal, de 1995 à 2001, le taux a dramatiquement chuté de 7 % à 0,7 %.
Le gouvernement Landry s’est engagé à financer la construction de 11 500 unités sur une période de cinq ans. Cependant, le FRAPRU évalue à 8 000 le nombre de nouveaux logements sociaux nécessaires par année, sur une période de trois à cinq ans, afin de revenir à une situation plus normale dans l’ensemble du Québec. « On a manqué la cible du 1er juillet 2002 et, au rythme où évoluent les choses, on est en train de s’arranger pour rater celle du 1er juillet 2003 », souligne le porte-parole du FRAPRU.

Tandis que le gouvernement canadien propose 289 millions de dollars pour le Québec en 2003, la ville de Paris, par exemple, consacre 500 millions par année pour la construction de logements à prix modique, à un rythme de 3 000 par an. Dans l’instauration de ses nouveaux appartements, la capitale française opte pour le principe de la mixité sociale.

David Tousignant, stagiaire du programme Médias alternatifs d’Alternatives

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