Fak est un novice modèle promut à un brillant avenir. Mais voyant le dur labeur de son père, il regrette de se « prélasser benoîtement dans la religion ». Ainsi décide-t-il de défroquer tout juste avant de devenir bonze. Mais à la mort de son père, des rumeurs émergent des profondeurs de ce village thaïlandais isolé : Fak aurait, paraît-il, pris pour femme nulle autre que sa belle-mère… Voici comment Fak devint honni de tous.
Cette méprise est à l’origine de la fulgurante descente de Fak jusqu’au bas de l’échelle sociale, dans une société où la hiérarchie conserve une importance fondamentale. Les maladresses de sa belle-mère un peu simple viennent ajouter aux médisances et aux préjugés. Les événements qui ponctuent le calendrier villageois deviennent autant d’occasions de stigmatiser Fak. La crémation de son père, un an après sa mort, est désertée par les villageois. Fak, seul avec le fossoyeur, goûtera pour la première fois à l’alcool de riz qui deviendra son refuge. À travers le déclin touchant du personnage, le lecteur l’accompagne sous les bananeraies, les cocotiers et les bambous ; il entend les bruits du village et assiste aux gestes les plus quotidiens : tendre la moustiquaire avant d’aller au lit, prendre sa douche à l’extérieur…
Chart Korbjitti est une figure phare de la littérature thaïlandaise contemporaine. Honoré par le Sea Write Award, La chute de Fak est le second roman de l’auteur publié en français.