
Le médecin humanitaire et écrivain, Jean-Christophe Ruffin, nous a habitué depuis son premier roman, L’Abyssin, à de grandes histoires à grand déploiement, souvent historiques où les voyages et les chocs des cultures sont toujours au rendez-vous. De belles histoires, de beaux romans agréables à lire à tous les coups, qui ont cette faculté rare de réellement vous transporter ailleurs. Succès populaire assuré à tout coup, et succès auprès de la critique et du monde littéraire également, ce qui lui vaut pour Rouge Brésil de remporter le prix Goncourt en 2003.
Mais voilà, le dernier roman de Jean-Christophe Ruffin, La Salamandre, qui vient tout juste de paraître chez Gallimard, n’a pratiquement rien de commun avec ses autres livres. Moins de pages, une écriture simplifiée, épurée et délicate à la fois. Lentement on sent monter la tension, l’horreur, l’irréparable, l’irréversible. Le crescendo troublant d’une histoire « vraie » qui vous donnera des frissons dans le dos, longtemps après avoir tourné la dernière page.
Il y avait un certain temps que cette histoire hantait l’auteur. Jadis, un consul de France au Brésil la lui avait racontée. Triste récit de la déchéance d’une Française qui était allée se perdre tout entière dans les bras d’un beau gigolo. Il prendra tout, tout de cette femme. Son argent, sa dignité, son âme, et plus encore.
Le romancier, qui fût également à une certaine époque attaché culturel de la France au Brésil, s’est donc finalement décidé de s’approprier la vie de cette femme et de nous la raconter, avec tout à la fois beaucoup de pudeur et de terribles vérités sans retenue. Saisissant d’effroi. Un grand livre que vous aurez du mal à oublier.