
La Cité de Dieu est une favela en banlieue de Rio de Janeiro, érigée dans les années 60 pour accueillir le trop plein des habitants des quartiers environnants. La survie y est chaque jour à réinventer. Le quotidien est un défilé d’abus policiers, de petits crimes, d’extorsions diverses, de meurtres, de trafic de drogue et de pauvreté.
C’est cet univers qui constitue la toile de fond du roman de Paolo Lins. S’y côtoient des centaines de personnages rarement abordés en profondeur, comme s’ils étaient interchangeables dans ce monde où la violence est la seule à donner un sens à la vie. Comme si leurs actions seules leur donnent un relief et une identité.
Dans ce cortège de personnages écorchés par l’existence, où chacun ambitionne de tirer profit de l’autre pour améliorer son propre sort, un jeune homme rêve de devenir photographe. C’est à travers son regard que nous découvrons ce monde dur où le rêve n’est plus permis, si ce n’est celui du prochain crime.
L’auteur a enquêté sur le crime organisé dans les favelas de Rio pendant huit ans avant d’apporter la touche finale à son roman, publié en 1997. Porté à l’écran par le cinéaste brésilien Fernando Meirelles en 2002, La Cité de Dieu présente un véritable témoignage de la montée du crime organisé depuis les années 60, à l’intérieur des « cités interdites », au Brésil. Il aura fallu attendre 2003 pour la première traduction française.
LA CITÉ DE DIEU, Paolo Lins, traduit du portugais (Brésil) par Henri Raillard, Paris, Éditions Gallimard, collection « Du Monde Entier », 2003 (1997 pour l’édition originale), 413 pages.
Alexandra Gilbert