Vous souvenez-vous du tollé de protestations contre les coupes sombres dans les programmes de voyages à l’étranger pour les artistes, qui avaient été précédées, l’an dernier, par des attaques en règle visant à démoniser certains groupes d’artistes ? C’est par le même type de procédés douteux et d’accusations gratuites publiés dans le National Post que certains insinuent, depuis deux mois, que le financement de base d’Alternatives par l’ACDI serait compromis. Pourtant, impossible d’avoir l’infirmation ou la confirmation de telles rumeurs auprès de la ministre de la coopération internationale, Beverly Oda. Ce silence serait-il un autre effet collatéral de la prorogation du parlement par le gouvernement Harper ? Chose certaine, pendant ce temps, sur le terrain en Afghanistan, en Haïti, au Honduras et en République démocratique du Congo, c’est l’appui concret apportée par Alternatives aux groupes du Sud et aux populations en difficultés dans ces pays qui risquent de faire les frais d’une décision arbitraire et idéologique.
Droits et libertés… sans Alternatives ?
La Charte canadienne des droits et libertés de 1982 constituent une référence clé pour une société démocratique : liberté d’association, de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, incluant celle de la presse. Or, les récentes actions du gouvernement Harper contribuent à éroder les droits et libertés reconnus par la Charte en plus d’assombrir, un peu plus encore, la réputation du Canada sur la scène internationale. Manipulations politiques à Droits et Démocratie, coupures consécutives à trois organisations démocratiques dont le groupe israélien Bt’selem, coupures à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA selon son acronyme anglais), coupes budgétaires à Kairos, une grande organisation de coopération internationale soutenue par les Églises canadiennes.
C’est dans ce cadre qu’on doit comprendre les sourdes menaces faites à Alternatives de réduire à néant ses programmes visant le renforcement de la société civile dans les pays du Sud. Le gouvernement minoritaire fait écho aux amalgames les plus simplistes qui qualifient d’anti-israélienne toute position demandant simplement qu’Israël respecte les résolutions de l’ONU. Or, la crédibilité du Canada, n’exige-t-elle pas qu’il contribue à assurer le respect de résolutions de l’ONU qu’il a lui-même voté tout en cessant, par ailleurs, de compromettre tant d’années d’efforts fructueux de coopération internationale.
Certes, au cours des dernières semaines nombre d’observateurs et d’éditorialistes ont condamné les agissements anti-démocratiques du gouvernement Harper, notamment dans le dossier de Droits et démocratie. Quant à Alternatives, véritable centre de référence en matière de solidarité pour la justice et l’équité, ici et au Sud, c’est par centaines que sont arrivées les lettres d’appuis invitant la ministre de la coopération internationale à assurer les financements prévus. Plusieurs députés et personnalités publiques ont aussi demandé le rétablissement des financements.
Alternatives ou la nécessaire solidarité !
Depuis 1994, grâce à l’appui de l’Agence canadienne de développement internationale (ACDI), Alternatives a mené des projets de solidarité et de développement dans plus d’une trentaine de pays. Alternatives, situé à Montréal, est le membre canadien de la fédération Alternatives International qui regroupe neuf partenaires internationaux, dont une organisation de droit israélien et une organisation palestinienne. En République démocratique du Congo, en Haïti, en Angola, au Pakistan, en Indonésie, au Vietnam, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Égypte, au Brésil, au Maroc, en Inde, en Argentine, en Irak, en Palestine, au Niger, au Burundi et dans plusieurs autres pays, Alternatives a favorisé l’émergence et la stabilisation de sociétés civiles progressistes qui continuent de jouer un rôle essentiel pour renforcer les droits de la personne, promouvoir la non-violence, favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes et assurer le respect des minorités. Il s’agit de valeurs que les Canadiens et les Canadiennes ont à cœur.
La plus récente évaluation commandée par l’Agence Canadienne de Développement International et réalisée par une firme indépendante concernant le programme triannuel d’Alternatives concluait d’entrée de jeu : « Cette petite organisation a joué (et joue toujours) un rôle important au niveau de la solidarité internationale, entre autres en ce qui a trait aux droits de la personne, au renforcement de la société civile et à la consolidation de la paix/prévention des conflits, des objectifs chers au Canada . » Cette évaluation recommandait à l’ACDI, au mois d’octobre 2008, de reconduire le financement d’Alternatives pour cinq ans. Des dizaines de rapports et autant d’audits financiers témoignent des résultats probants des initiatives de développement d’Alternatives et de la rigueur de ses mécanismes de gestion.
Le financement d’Alternatives doit être confirmé !
Les besoins pressants observés quotidiennement dans des pays exangues comme l’IRAK, où se concentrent présentement l’essentiel de nos efforts de reconstruction de la société civile, exigent que l’ACDI confirme dans les meilleurs délais le financement d’organisations internationales comme Alternatives dans le respect de ses propres règles de financement. Un gouvernement responsable d’une société démocratique ne peut en effet se contenter de procès d’intention, colportés par certains journaux et lobbys politiques, pour tenter de légitimer une ingérence qui serait alors pour le moins malsaine dans le financement de l’aide internationale.