L’universalisme européen, de la colonisation au droit d’ingérence
Immanuel Wallerstein, Demopolis, Paris, 2008, 137 p.
Dans un monde où les puissances occidentales s’appuient sur les valeurs universelles des droits de l’homme pour mener la guerre globale au terrorisme dans des pays comme l’Afghanistan ou l’Irak, l’historien et sociologue Immanuel Wallerstein propose une lecture intéressante des fondements mêmes de la nouvelle politique impériale. Pour l’auteur, l’Histoire a de la suite dans les idées. S’appuyant sur ses propres travaux historiques concernant le « système monde », il expose brillamment ses réflexions et tente de répondre à la question fondamentale du droit d’ingérence politique.
Selon lui, l’universalisme européen, né au XVIe siècle et qui a servi à justifier le colonialisme, légitime maintenant le droit d’intervention des Occidentaux auprès des autres nations. Si les thèmes changent et que la démocratie remplace maintenant l’évangélisation chrétienne de l’époque coloniale, la corrélation entre les valeurs occidentales et la construction de « l’économie-monde capitaliste » demeure. Ce sont ces valeurs universelles des uns contre la barbarie des autres qui deviennent alors prétexte à la justification de l’ingérence du monde « civilisé » dans les « zones non civilisées ».
Pour ce pionnier du Forum social mondial, la mondialisation actuelle et le caractère de plus en plus multipolaire des rapports de forces internationaux ouvrent la porte à une redéfinition des valeurs. L’auteur souhaite que « l’universalisme » devienne d’abord et avant tout « universel » au service du bien commun dépassant ainsi les conceptions occidentaliste et orientaliste de l’histoire moderne.